Pendant la première année de confinement, le taux de mortalité par suicide est demeuré stable. La détresse demeure cependant «palpable», selon un rapport présenté lundi par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), qui présente des données préliminaires pour 2020.
«Il y avait beaucoup d’inquiétudes en ce qui concerne les suicides pendant cette période, qui est assez trouble, mais pour l’instant, les données du coroner ne suggèrent pas qu’il y aura, pour la première année de pandémie, une augmentation des suicides au Québec», a pointé Pascale Levesque, épidémiologiste à l’INSPQ et coauteure du rapport.
Selon les données provisoires du Bureau du coroner en chef du Québec, on compte pour l’instant 1016 suicides en 2020. Le nombre final sera toutefois un peu plus élevé, alors que certaines investigations sont toujours en cours.
Un chiffre qui demeure stable, alors que pour 2019, il était de 1128 décès, et 1094 pour 2018.
«Certaines théories nous disent que dans certaines périodes, comme en temps de guerre, il y a une diminution des suicides parce que nous sommes tous dans le même bateau», a émis en hypothèse Mme Levesque, qui rappelle par ailleurs que la santé mentale et les mesures de prévention ont été au cœur des préoccupations dans les débuts du confinement.
Vers une deuxième année de confinement
Alors que la pandémie en sera bientôt à son deuxième anniversaire, il n’est pas encore possible d’établir un portrait clair de la situation pour la dernière année, les données n’étant pas encore disponibles.
«À savoir si ça va augmenter dans les prochains mois ou les prochaines années en raison de tout ce qui a été causé par la pandémie, c’est difficile à dire», a admis Mme Levesque.
Néanmoins, le rapport note qu’en 2021, les visites aux urgences pour tentatives de suicide ont connu une augmentation marquée, après une baisse en 2020.
La situation est particulièrement problématique chez les jeunes filles de 15 à 19 ans, pour lesquelles les idées suicidaires ont grimpé de 15 %, et les tentatives de suicide de 23 % en deux ans. Cela ne s’est toutefois pas répercuté dans les taux de décès.
Des solutions
«Il faut vraiment suivre la situation. Parfois, les conséquences peuvent se faire sentir plus tard», a prévenu la Dre Marie-Claude Geoffroy, chercheuse à l’Institut de recherche en santé du Canada (IRSC).
Elle rappelle qu’il ne faut pas hésiter à parler et aller chercher de l’aide, bien que celle-ci puisse parfois être difficile à obtenir.
«La pandémie, si elle a mis quelque chose en lumière, c’est que l’accès n’est pas toujours là. On est inégaux devant la santé mentale», a dénoncé la Dre Geoffroy.
Des études tendent néanmoins à montrer qu’un bon lien social peut contribuer à diminuer le nombre de tentatives de suicide. L’entourage devient ainsi particulièrement important, alors que la détresse peut s’installer.
«C’est important de rappeler à ceux qu’on aime qu’on les aime et qu’on est là pour eux. Le fait d’offrir notre soutien aux autres peut contribuer à prévenir ça», a souligné la Dre Geoffroy.
Si vous avez besoin d’aide
Si vous pensez au suicide ou vous vous inquiétez pour un proche, des intervenants sont disponibles:
- Ligne québécoise de prévention du suicide 1-866-APPELLE (277-3553)
- Jeunesse, J’écoute 1-800-668-6868
- Tel-Jeunes 1-800-263-2266