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Un risque réel d’implosion au Parti conservateur

Le chef conservateur Erin O'Toole pourrait vivre ses dernières heures en tant que leader du parti dont les problèmes sont si profonds qu'il risque l'implosion.

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M. O’Toole doit faire face à un vote de confiance ce matin après que 35 de ses députés en aient officiellement fait la demande, lundi soir. Ces derniers, principalement issus de l'Ouest du pays, sont mécontents de l’effort de recentrage de leur chef.

Le principal intéressé a confirmé qu’il accepterait l’issue du vote, et que ceux qui l’ont déclenché «devront vivre avec».

«Cette possibilité de voir une fracture réelle au sein du parti, je pense qu’elle est réelle. Peut-être qu’il n’y aura pas de nouveau parti conservateur, mais des conservateurs déçus pourraient regarder du côté du Parti populaire ou se réfugier dans l’abstention», a avancé Frédéric Boily, politologue à l’Université de l’Alberta.

C’est aussi l’avis de aussi Yan Plante, ancien conseiller au sein du gouvernement de Stephen Harper et vice-président de TACT Conseil. «Le risque est absolument réel», a-t-il avancé.

Une frustration latente

Après l’élection du 20 septembre, Erin O’Toole avait réussi à rester en place, malgré des voix à l’intérieur du parti qui s’élevaient pour demander un changement au sommet. La sénatrice de la Saskatchewan Denise Batters avait notamment lancé une pétition pour le déclenchement d’un vote de confiance, mais les démonstrations de soutien envers M. O’Toole étaient assez nombreuses pour apaiser les tensions.

Puis est arrivé le rapport interne postélectoral sur la performance du parti la semaine dernière, dans lequel M. O’Toole était critiqué pour être resté trop souvent à l’intérieur de son studio et que ses déclarations manquaient de naturel.

À cela s’est ajouté le convoi de camionneurs. Au départ, il prétendait qu’il n’était pas de son ressort de prendre position sur la manifestation avant de retourner sa veste et de défendre les camionneurs manifestants. Pendant ce temps, d’autres conservateurs bien en vue, comme Pierre Poilièvre et Candice Bergen, ont donné leur appui indéfectible au mouvement.

L’histoire du convoi a été «la cerise sur le sundae», croit M. Boily, car cela a confirmé aux yeux des opposants d’Erin O’Toole «qu’il est incapable de prendre une décision et de la maintenir».

«C’est comme s’ils s’étaient assurés de tout mettre en place pour partir un feu, et là, il ont réussi à l’allumer», dit Yan Plante.

Une partie pas gagnée d’avance

Pour comprendre la position fragile du chef conservateur, élu il y a à peine une année et demi, il faut regarder au-delà de l’angle idéologique.

La frustration «latente» de la frange plus conservatrice a affecté la solidité d’Erin O’Toole, et, selon Yan Plante, a contaminé plusieurs membres du caucus, qui en sont venus à la conclusion «qu’ils ne vont jamais gagner avec ce gars-là».

Les deux spécialistes estiment qu’en deçà de 70 % d’appui, la position d’Erin O’Toole est «intenable». Et avec 35 députés déjà ouvertement contre, soit près du tiers du caucus, la partie n’est pas gagnée d’avance, même s’il recueille une majorité.

«Il y a le seuil démocratique de 50 % plus 1, mais il y a aussi un seuil moral, ou réaliste, logique», croit M. Plante.

La seule issue pour M. O’Toole, croit M. Boily, c’est de convaincre assez de ses collègues qu’il est la meilleure option pour une éventuelle élection. Si les conservateurs changent de chef, les prochaines élections fédérales se feront pour la troisième fois de suite avec un nouveau chef qui n’a aucune expérience de campagne à la tête d’un parti.

Peu importe l’issue du vote, les membres du caucus qui perdront leur vote mercredi devront mettre de l’eau dans leur vin, au risque de diviser encore plus le Parti conservateur.

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