Il s’agit d’une erreur «de bonne foi» qui «ne se reproduira pas», a plaidé sa collègue, la ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest, au Salon bleu, jeudi.
Talonnée par la députée libérale Isabelle Melançon, elle a alors réitéré que tous les députés du gouvernement étaient «résolument pro-choix». Une note leur sera envoyée à tous pour leur rappeler l’importance d’effectuer des vérifications approfondies avant d’accorder des dons à des organismes, a ensuite précisé son attachée de presse.
Selon une enquête réalisée par Urbania, deux députés caquistes, le représentant de la circonscription de Drummond-Bois-Franc, Sébastien Schneeberger, et celui de Beauce-Sud, Samuel Poulin, ont fait des dons à des organismes pro-vie œuvrant sous le couvert de centres de grossesse depuis 2018.
De l’argent du ministre de la Famille
Or, de l’argent provenant du budget discrétionnaire du ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, a aussi été accordé à ces organismes, a appris l’Agence QMI.
Soit un don de 1500 $ accordé à l’Accueil Grossesse Beauce-Appalaches inc. en 2019-2020 et deux autres de 500 $ et 750 $ à l’Accueil Grossesse Birthright Drummondville, entre 2018 et 2021.
Qui plus est, le don de 750 $ a été effectué en 2018-2019 à la demande du ministre de l’Agriculture et député de Johnson, André Lamontagne. Son attaché de presse a plaidé qu’il «n’était pas au fait que cet organisme faisait des interventions antiavortement. Sinon, il est évident qu’il ne l’aurait pas supporté financièrement».
Si ces deux organismes œuvrent officiellement sous l’appellation de «centres de grossesse», leur but est plutôt de décourager les femmes d’avoir recours à l’avortement en usant de divers moyens, rapporte Urbania.
Une petite gêne
En entrevue, le ministre Mathieu Lacombe s’est dit «hors de lui» et «en colère» de s’être fait «flouer» par des organismes qui «se présentent sous des airs trompeurs, sous le prétexte d’aider».
«C’est clair qu’on ne mène pas une enquête de sécurité sur chaque organisme à qui on donne quelques centaines de dollars, a-t-il toutefois reconnu. Mais dans ce cas-ci, j’invite tous les citoyens à aller googler le nom des organismes, il n’y a rien qui laissait penser qu’il était lié à un organisme international qui lutte contre l’avortement.»
Pour lui, il est toutefois difficile de contrecarrer de telles demandes de financements provenant d’organismes qui «jouent en marge des règles en faisant croire que ce qu’ils font est noble».
«Est-ce que je vais devoir embaucher deux personnes payées 60 000 $ par année pour faire une enquête de sécurité sur chaque organisme qui nous soumettent une demande pour avoir 200, 300, 400, 600 dollars pour acheter des croissants à leurs bénévoles?», ironisent-ils.
Le ministre martèle par ailleurs sa position pro-choix et le fait que le débat sur l’avortement est définitivement clos au Québec.