La saison des REER s’est terminée cette semaine et une vaste majorité des cotisants au compte enregistré d’épargne retraite ont été encouragés par le remboursement d’impôt.
Parmi ceux-là, beaucoup auront du mal à résister à l’envie de se faire plaisir avec ce « chèque » du gouvernement.
Pourquoi ?
Le remboursement d’impôt
Expliquons d’abord la mécanique du fameux « retour » d’impôt. On peut considérer la cotisation REER de bien des manières, la plus simple consiste à y voir un moyen de reporter l’impôt des années plus tard.
En gros, c’est comme si je renonçais à une petite partie de ma paie chaque année pour me constituer un salaire pour mes vieux jours. Je prends une entente avec le gouvernement en lui disant : « Ne m’impose pas tout de suite sur cette partie de ma paie, patiente jusqu’à ma retraite quand je vivrai de mon REER. »
Comme on a déjà payé de l’impôt sur la somme cotisée, le gouvernement nous le retourne, en nous disant : « OK, je le récupérerai plus tard. »
Cela revient à prêter de l’argent aux gouvernements au cours de l’année, somme qu’il nous rend au printemps suivant. Selon l’Agence du revenu du Canada, les Canadiens reçoivent en moyenne un remboursement d’impôt de presque 1900 $.
C’est le prix d’un sacré bon vélo, d’un voyage dans le Sud, d’une télé 4K de 75 pouces. Si on est si prompts à vouloir faire une petite folie avec cet argent, c’est qu’il semble tomber du ciel.
Comme des gagnants au casino
Dans un papier sur le sujet qu’elle a fait paraître dans le Globe and Mail il y a quelques années, l’économiste comportementale Stephanie Bank citait une étude portant sur les joueurs de casino.
Les participants étaient divisés en deux groupes. Ceux à qui on avait annoncé qu’ils seraient rémunérés pour l’expérience avaient tendance à miser moins avec l’argent gagné. Les autres qui recevaient la même somme, mais de manière inattendue, étaient portés à parier davantage avec leur cagnotte.
Plusieurs expériences du genre démontrent qu’on dépense facilement les dollars auxquels on n’a pas assigné de fonction. Les gagnants à la loterie pensent surtout à se gâter, rarement à combler leur espace CELI.
On perçoit le remboursement d’impôt de la même manière, comme si cet argent arrivait de nulle part.
Pourtant, contribuer au REER, c’est comme participer à un régime de retraite. Ces fonds de pension fonctionnent aussi selon le principe du report d’impôt (je serai imposé plus tard sur ma rente), mais la déduction fiscale est appliquée à la source, en même temps que la cotisation. Il n’y a pas d’aller-retour d’impôt, le fruit de la déduction fait partie de la paie.
Que faire du remboursement?
Après tout, qu’il s’agisse d’un remboursement d’impôt ou d’épargne dans un compte, on parle toujours ici d’argent qui dort quelque part.
Ce n’est pas plus un péché d’utiliser le remboursement d’impôt pour financer une partie du voyage familial que de puiser dans un compte d’épargne pour payer.
D’ailleurs, le fait de payer trop d’impôt en cours d’année afin de recevoir un remboursement représente pour certains une sorte d’épargne. Si on lui assigne un objectif, même les vacances, on diminue le risque qu’on le dilapide dans une dépense futile.
Si le but est d’améliorer sa situation financière, on utilisera le remboursement pour payer les dettes coûteuses, cotiser aux REEE des enfant ou encore investir dans un CELI.