J’éprouve une certaine ambivalence à l’égard de la déclaration de revenus. D’un côté, l’exercice me semble des plus formateurs pour le contribuable moyen. De l’autre, j’ai toujours cru qu’il était plus rentable de confier la tâche à un comptable professionnel.
Il suffit d’omettre un petit crédit ici et là, et voilà qu’on vient d’effacer toutes les économies réalisées à la faire soi-même, sans parler du temps perdu.
Quels sont les éléments susceptibles d’être oubliés ? Les nouveautés auxquelles s’attarder ?
J’ai demandé à deux comptables professionnels agréés (CPA), Éric Brazeau et Simon Elliot, de signaler quelques points auxquels on doit faire attention. La liste n’est pas exhaustive.
1. LE CRÉDIT CANADIEN POUR LA FORMATION
Celui-là risque de passer dans le beurre, car il n’est en place que depuis 2020. Les contribuables de 26 à 65 ans qui ont payé des frais de scolarité ont droit à un crédit allant jusqu’à 250 $, par année. Ce crédit fédéral vise à encourager le perfectionnement professionnel. Les personnes admissibles qui ne l’ont pas réclamé en 2020 ont droit à 500 $.
2. LES DÉPENSES COVID LIÉES AU TRAVAIL
Pour une deuxième année se pose le dilemme pour ceux qui ont travaillé de la maison : est-il plus rentable d’utiliser la méthode rapide ou l’approche détaillée pour déduire ses dépenses de bureau ?
La première se résume à demander une déduction de 2 $ par jour pour une période maximale de 250 jours, sans fournir de pièces justificatives. Donc, 500 $.
La seconde consiste à comptabiliser ses dépenses (admissibles), on doit en revanche pouvoir les prouver et présenter un formulaire signé par l’employeur.
Selon nos deux CPA, la première est généralement recommandée pour les propriétaires de leur résidence. Les locataires, au contraire, ont plus souvent intérêt à utiliser la méthode détaillée, car ils peuvent déduire une partie de leur loyer.
Toujours sur le thème COVID-19, Simon Elliott signale que les personnes qui ont dû rembourser de la PCU, de la PCRE et autres formes d’aides pandémiques peuvent demander une déduction dans leur déclaration de 2021 ou de 2020 (par une demande de redressement).
3. LES CRÉDITS POUR L’ACHAT D’UNE PREMIÈRE HABITATION
Inutile de vous dire combien l’immobilier est cher, mais rappelons l’existence de crédits d’impôt pour l’achat d’une première habitation, fédéral et provincial. Combinés, ils donnent droit à 1376,25 $ (par propriété, non par couple).
Ici, ce sont les mêmes critères d’admissibilité que le RAP qui s’appliquent, on ne doit pas avoir été propriétaire de son lieu de résidence au cours des quatre dernières années.
Dans la même veine, soulignons l’obligation de déclarer vos transactions immobilières, même s’il s’agit de la résidence principale.
4. LE CRÉDIT D’IMPÔT POUR PERSONNES HANDICAPÉES
Le gouvernement fédéral a apporté certains changements afin de faciliter l’accès au crédit d’impôt pour personnes handicapées (CIPH).
Nos deux comptables rappellent que trop de contribuables qui pourraient s’en prévaloir n’en profitent pas. Comme on l’a déjà écrit dans ce journal, une petite limitation peut donner droit au crédit.
Sa valeur maximale dépasse 1000 $, et surtout, il constitue la clé ouvrant la porte d’autres programmes très avantageux.
5. LES DROITS DE COTISATION DES MOINS DE 18 ANS
Avec la pénurie de main-d’œuvre, les ados sont plus nombreux à travailler, et de plus en plus jeunes.
La question : devraient-ils faire une déclaration de revenus ? Oui, selon Simon Elliott. D’abord, cela permettrait de récupérer des cotisations au Régime des rentes du Québec dans le cas ou elles auraient été déduites par erreur sur la paie, ce qui est fréquent. Rappelons qu’on n’en verse pas avant l’âge de 18 ans. Aussi, en déclarant ses revenus, le jeune crée des droits de cotisation REER. Même modestes, ces droits pourraient s’avérer utiles quand viendra le moment de planifier l’achat d’une maison avec l’aide du Régime d’accession à la propriété (RAP).