On savait que ce serait un chèque. Il ne manquait plus qu’à savoir combien et qui le recevrait. Le bruit courait depuis quelques jours que la distribution serait « large ».
• À lire aussi: «C'est carrément rire de nous»
• À lire aussi: Vos 500 $ et ces fraudeurs vites sur le gun!
• À lire aussi: Budget Girard: versement de 500$ pour la grande majorité des Québécois
On a eu la réponse : ce sera 500 $ par personne qui gagne 100 000 $ ou moins. « Large », en effet. On doit avoir eu 18 ans au 31 décembre dernier et remplir une déclaration de revenus pour 2021.
Est-ce électoraliste ? Je vais laisser se prononcer les collègues de la section politique.
Est-ce que ça coûte cher ? Je vous laisse en juger, je souligne que cette mesure coûte 3,8 milliards de dollars. On comprend pourquoi ce n’est pas 2000 $ (on aurait dépassé le budget du tunnel Québec-Lévis).
La mesure destinée à pallier l’effet de l’inflation aurait-elle pu être mieux ciblée ? À vous de me le dire.
Deux conjoints qui cumulent des revenus de 200 000 $ peuvent toucher 1000 $ grâce à ce crédit d’impôt. Je dis « peuvent », car ça dépend comment sont répartis les revenus. Si un des amoureux gagne 150 000 $ et l’autre 50 000 $, le ménage touchera seulement 500 $.
Un professionnel payé au-delà de 100 000 $ peut facilement aller chercher son 500 $ en contribuant suffisamment au REER.
Un médecin spécialiste incorporé (ils le sont tous) qui facture 500 000 $ au gouvernement, mais qui se verse un salaire de moins de 100 000 $ pourra réclamer 500 $ (au même gouvernement). L’aide est déterminée en fonction des revenus, moins les déductions.
Une personne seule qui vit avec un revenu de 40 000 $ recevra 500 $. Pas plus.
Je ne sais pas trop quelle forme prendra cet argent. Sera-t-il ajouté au remboursement ou déduit du solde d’impôt ? Sera-t-il envoyé à part ? Si le paiement est distinct, ce sera un argument de plus en faveur de la thèse du « geste électoraliste ».
Pourquoi 100 000 $?
Mais bon, où tracer la ligne ? Ce n’est pas évident : 60 000 $ ? À 70 000 $, on fait partie de la classe moyenne et on ne subit pas moins les affres de l’inflation.
Pour devenir propriétaire dans la grande région de Montréal, il faut de sacrés salaires. Une personne seule qui gagne 90 000 $ peut se sentir serrée et ressentir elle aussi l’augmentation du prix du gaz. Je dis ça de même.
Et le 500 $ ? Pourquoi ? Ici, le choix du gouvernement semble moins arbitraire. Il expose sa méthode de calculs dans le budget, comme il l’a fait dans la mise à jour économique à l’automne pour justifier son aide ponctuelle précédente.
L’approche est strictement fiscale. Québec rappelle qu’une partie de l’augmentation du coût de la vie est compensée chaque année par l’indexation du régime fiscal. Les tables d’impôt progressent au rythme de l’inflation, ce qui joue favorablement sur les divers crédits fiscaux et la facture d’impôt générale.
Dans son document budgétaire, Québec prévoit une inflation de 4,65 % pour l’année 2022. La table d’imposition a été indexée de 2,64 % cette année. L’écart est de 2,01 %. Selon les calculs du gouvernement, cet écart représente une facture supplémentaire de 432 $ sur le panier de consommation de base.
Québec a arrondi ça à 500 $. Pour tout le monde. Moi je vais aller m’acheter un bicycle.