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Fuir l’Ukraine: des images à jamais gravées dans leur mémoire

Nataliya Lityuk, entourée de son père, Viktor Tsiupa, et de sa mère, Nina. On les voit à Québec, mardi.

Photo Stevens LeBlanc

Nataliya Lityuk, entourée de son père, Viktor Tsiupa, et de sa mère, Nina. On les voit à Québec, mardi.

Un couple de septuagénaires qui a réussi à fuir l’Ukraine vendredi dernier se dit soulagé d’être enfin en sécurité ici au Québec, mais ne pourra jamais oublier les images de dévastation et la peur d'y laisser sa peau.

Nina et Viktor Tsiupa sont arrivés à Québec dimanche soir dernier, après un long voyage pour fuir l’Ukraine. Le couple connaît bien la ville, puisque leurs deux filles vivent à L’Ancienne-Lorette.

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Ils avaient déjà planifié quitter l’Ukraine pour s’installer ici. Ils avaient même le statut de résidents permanents. Toutefois, ils avaient imaginé un scénario de déménagement bien différent que celui qu’ils ont vécu.

Avant de quitter leur condo, le couple dormait dans le corridor afin d’éviter les éclats de possibles explosions près des fenêtres.

«Là, on peut sourire, mais deux jours avant, on a pleuré. Surtout vendredi, parce que le voyage était imprévisible. Avant leur départ, on parlait au téléphone [et on] ne savait pas si on allait se revoir» confie leur fille, Nataliya Lityuk.

M. et Mme Tsiupa ont quitté la ville d’Enerhodar, dans la région de Zaporijjia, vendredi dernier à 6h du matin. Lors de leur périple, ils ont parcouru les premiers 100 km dans corridor humanitaire qui avait déjà été la cible d’attaques. Le trajet était risqué puisque plusieurs secteurs se retrouvaient dans des zones où les confrontations étaient possibles. 

Photo Stevens LeBlanc

«Tu prends donc une chance», indique Mme Lityuk, qui précise que ce même corridor a également été attaqué par la suite. 

L’ancienne pharmacienne avait apporté tout un attirail de premiers soins. L’important pour elle, en cas de blessures, était de pouvoir se soigner et ainsi poursuivre la route. 

Ils ont effectué un trajet de 20 heures en autobus pour arriver en Pologne, à 2h le samedi. Ils se sont rendus à l’aéroport de Cracovie à 9h30 le jour même. Ils ont attendu jusqu’à 6h le dimanche matin pour prendre l’avion vers le Québec.

Le choc de la guerre 

Comme si elle vivait dans le déni, c’est à la vue d’une scène désolante que Mme Tsiupa a réalisé la gravité de la situation.

«Sur la route, il y avait un pont détruit et juste à côté, il y avait une maison [abandonnée] où l’on pouvait apercevoir une balançoire pour enfants. J’ai pensé à la famille qui y habitait et j’étais triste [ne sachant pas le sort de cette famille]», explique Mme Tsiupa en pleurs, dont les propos ont été traduits par sa fille.

Nataliya Lityuk

Photo Stevens LeBlanc

Nataliya Lityuk

«Quand tu regardes ça, tu comprends que c’est la guerre», poursuit Mme Lityuk.

L’évocation de ce souvenir n’a pas tardé à rendre M. Tsiupa également très émotif, jusqu’alors plutôt réservé.

Les craintes de la dame de 70 ans se sont exacerbées, lorsqu’elle a dû prendre un autobus pour se rendre près de la frontière avec la Pologne.

Photo Stevens LeBlanc

«Elle a commencé à se sentir mal et voulait retourner, parce qu’elle ne savait pas si elle resterait en vie. Mon père a dit : on y va et on verra, traduit Mme Lityuk. Chaque personne qui prend le bus prend un risque».

Ils ont finalement réussi à se rendre à Cracovie, où ils ont pris l’avion pour le Québec.

Depuis le Québec, le couple souhaite aider leur pays. Mme Tsiupa veut coudre des drapeaux ukrainiens dont les profits de ventes iront à l’Ukraine. 

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