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Comment faire fructifier les fameux 500$?

Five of $100 Canadian Banknotes. With clipping path.

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On ne verra probablement pas passer les 500$ du gouvernement Legault. Pour de nombreux ménages, le chèque sera vite englouti par le flot de dépenses quotidiennes, ou il servira à payer un achat ou une réparation en attente. 

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On finira par conclure qu’on ne peut pas aller bien loin avec 500 piastres. Je me suis mis au défi de démontrer le contraire. 

Ça fonctionne avec un crédit d’impôt, un boni du patron, un cadeau de matante Jeanine, un gain de loterie, bref, avec de l’argent, peu importe sa source.  

J’ai gardé le meilleur pour la fin.  

La carte de crédit

D’abord, le conseil incontournable. Si vous traînez un solde de carte de crédit, c’est au remboursement de cette dette persistante que les 500$ devraient être consacrés. Les cartes de crédit facturent 20% d’intérêt, soit 100$ par année par tranche de 500$. Avec la surprise du dernier budget, on peut donc améliorer son bilan de 600$. 

Le REEE

Parents, si vous n’avez pas ouvert un régime enregistré d’épargne-études pour votre enfant, c’est l’occasion. Si vous l’avez déjà fait, mais que vous n’y avez pas contribué maximum, voilà un endroit où déposer le cadeau d’Eric Girard.   

Une contribution au REEE donne droit à des subventions gouvernementales de 30%. Avec 500$, on peut donc aller chercher 150$ supplémentaires. Les 650$, pour peu qu’ils soient investis, pourront fructifier à l’abri de l’impôt, jusqu’à ce que votre enfant entre au cégep. Voilà ce que j’appelle de «l’argent facile».  

Le don de charité

J’ai lu dans Le Journal que des contribuables disposant d’une bonne marge de manœuvre comptaient donner les 500$ à un organisme de charité. La beauté du geste est récompensée par des avantages fiscaux.  

Sur un don de 500$, 230$ vous seront retournés l’année suivante sous forme de crédit d’impôt. Au total, ça fait tout de même 730$, dont les deux tiers servent à financer une cause qui vous est chère. On dirait la multiplication des pains.  

Le REER de fonds de travailleurs

C’est ici qu’on commence à s’amuser, mais je dois dans un premier temps vous rafraîchir la mémoire sur un concept que j’aborde à l’occasion dans cette chronique, le «taux effectif marginal d’imposition» (TEMI). 

Le TEMI représente, pour chaque dollar de revenu supplémentaire gagné, l’impôt qu’on paye additionné à l’argent en moins reçu des programmes sociofiscaux. On pense ici aux allocations familiales, au crédit TPS, au crédit pour la solidarité, entre autres. Tout ça diminue quand le salaire s’améliore, et inversement, le soutien gouvernemental augmente lorsqu’on déclare moins de revenus.  

Les TEMI sont plus élevés que les taux d’imposition officiels, particulièrement pour les familles de la classe moyenne. Ils dépassent souvent 50% et peuvent atteindre 90% dans les cas extrêmes. Ce que cela signifie, c’est que pour chaque dollar de salaire supplémentaire, il peut en rester aussi peu que 10 cents dans les poches du travailleur, après impôt et perte en allocations diverses. 

C’est là qu’une cotisation REER peut devenir très payante, plus encore dans un fonds de travailleurs (disons Fondaction de la CSN, le Fonds de Solidarité de la FTQ n’accepte plus de contributions autrement que par des prélèvements sur la paye). En plus d’une déduction fiscale, la cotisation REER à ce genre de fonds donne droit à un crédit d’impôt de 30%.  

De l’argent qui double

Cas typique: deux parents salariés de deux jeunes enfants, revenus du ménage de 80 000$ (répartis 60/40). Le TEMI frise 55%. Si les conjoints cotisent chacun 500$ à un REER de fonds de travailleurs, ils récupèrent ensemble 850$. Ils se retrouvent donc avec 1850$ après un an, dont 1000$ qui fructifient dans un abri fiscal, le REER.  

Autre exemple plus spéculaire: un couple avec trois jeunes enfants, et un seul salaire 55 000$ pour faire vivre tout ce beau monde. Ce ménage dispose d’un revenu disponible de près de 70 000$ grâce aux allocations familiales (il reçoit plus d’argent des gouvernements qu’il paye d’impôt). Son TEMI atteint 76% ! S’il verse les deux montants de 500$ dans un REER de Fondaction, il va retrouver 76% de cette somme, plus le crédit d’impôt de 30%, soit 1060$! 

Les deux chèques de 500$ sont devenus 2060$ en tout!  

Une telle famille aurait intérêt à répéter l’opération annuellement (elle devrait mettre le maximum, 5000$ par année, dans un REER de fonds de travailleurs), mais voyons ce que ça pourrait produire en variant de stratégies, avec un don et un dépôt au REEE. 

L’année suivante, donc, la famille répartit comme suit les 1060$ de remboursement généré par la cotisation REER de 1000$: 530$ en don à la SPCA et un versement de 530$ au REEE des enfants. Elle reçoit un crédit d’impôt de 245$ pour dons de charité plus des subventions de 159$ pour la contribution REEE.  

Compte final:         

- REER: 1000$ qui fructifient à l’abri de l’impôt, imposable au retrait.     

- REEE: 689$ qui s’apprécient loin du fisc, une partie sera imposable au retrait entre les mains du jeune.     

- Crédit: 245$ (à remettre dans un des deux véhicules mentionnés plus haut).     

- Et un don de 530$ à la SPCA.     

- Total: 2 464$.         

Merci Eric Girard! 

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