Une entreprise montréalaise vient d'inaugurer un laboratoire de recherche en aquaponie, une technique de production alimentaire jumelant l'élevage de poissons et la culture des plantes qui peut représenter une solution d'avenir pour l’agriculture, pensent ses fondateurs.
L'ambition de Benjamin Laramée et Julien Le Net, cofondateurs d'ÉAU (Écosystèmes Alimentaires Urbains), est de voir émerger une industrie québécoise de l'aquaponie.

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«L'aquaponie est basée sur le modèle de l'économie circulaire. C'est la symbiose entre l'aquaculture, soit l'élevage des poissons en bassins, et l'hydroponie, qui est la culture de plantes sur un substrat neutre, irrigué d'une solution nutritive. L'idée est de transformer les effluents aquacoles, soit l'eau dans laquelle ont baigné les poissons, en ressource pour les plantes», explique Julien Le Net, responsable du développement des affaires chez ÉAU.
Dans le laboratoire de l’entreprise, dans le quartier Mile-End, un système aquaponique découplé a été installé. D’un côté les poissons sont élevés dans des bassins, tandis que de l'autre poussent des végétaux comestibles dans un système de culture vertical. L'eau des bassins de poissons est récupérée, passe dans différents systèmes de traitement situés dans une salle attenante, puis est mise en circulation dans le système de culture, afin que les plantes puissent s'en nourrir.
Différents projets de recherche en vue d'optimiser les pratiques aquaponiques sont menés au laboratoire d'ÉAU, en collaboration avec le Centre des technologies de l'eau (CTE) et Merinov, centre intégré de recherche industrielle spécialisé en technologies des pêches, de l’aquaculture, de la transformation et des bioressources marines, situé à Gaspé.

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«L'aquaponie est une technique qui a fait ses preuves, mais l'idée, avec le laboratoire, est d'aller plus loin dans l'optimisation des pratiques, par exemple en développant des moulées pour les poissons ayant moins d'impact environnemental», dit Julien Le Net.
ÉAU offre également des services-conseils aux individus et organisations souhaitant développer ce type de projets. «Il n'y a pour l'instant aucune ferme qui fonctionne en aquaponie au Québec. On est très en retard par rapport à l'Europe et au reste du monde. En 2014, il y avait 84 fermes aquaponiques aux États-Unis et aujourd'hui c'est au moins 200 de plus. Seulement en Ontario, il y en a une dizaine, et d'autres en Alberta et ailleurs au Canada», détaille Benjamin Laramée, directeur scientifique.

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Une dizaine de projets de fermes aquaponiques commerciales seraient actuellement en démarrage au Québec, selon lui. «On les accompagne dans l'élaboration de leurs projets et de leurs installations. Certaines d'entre elles devraient lancer leurs activités dans les prochains mois, dont une ferme, cet été, à Montréal.»