Le village algonquin de Kitcisakik, dans la réserve faunique de La Vérendrye en Abitibi-Témiscamingue, aura enfin accès à l'électricité. La nouvelle ligne électrique coûtera 20 millions de dollars et devrait être mise en opération d'ici 2025.
• À lire aussi: Coupe forestière: après Manawan, au tour de Wemotaci de monter le ton
• À lire aussi: Le Canada doit amender la «Loi sur les Indiens», discriminatoire pour les femmes
Les quelque 300 Anicinape attendent ce moment depuis longtemps.
«C'est une annonce historique qui va changer la vie de nombreuses générations. L'électrification de notre communauté était attendue depuis très longtemps!», n'a pas manqué de souligner le chef, Régis Penosway en insistant sur la patience et la résilience de la communauté.
Patience et résilience
Même les autorités concèdent qu'il était plus que temps.
«Vous avez été très patients! L'Idée est simple. C'est de raccorder votre communauté. De construire les installations électriques nécessaires pour s'y rendre. On va le faire à la charge d’Hydro-Québec, c'est nous qui allons assumer l'entièrement de ces coûts-là», déclare la PDG de la Société d'État, Sophie Brochu qui visitait pour la première fois le village algonquin, situé à moins d’une heure de route de Val-d'Or.
La nouvelle ligne électrique de 25kV mesurera près de 70 km et reliera le village algonquin au poste de Louvicourt, près de Val-d'Or.
La vie plus difficile à Kitcisakik
Privée d'électricité, la communauté doit en attendant se tourner vers le chauffage au bois et les génératrices.
D'ailleurs, en bruit de fond, le grondement des génératrices qui fonctionnent à plein régime pour alimenter les bâtiments publics et éclairer les maisons peut être entendu.
«C'était difficile pour nous d'être les plus grands pollueurs dans le parc. Quand on part les génératrices l'été et ça sent le gaz. Ça va changer notre façon de vivre. (...) Il y a des mères monoparentales qui n'ont pas de génératrice. Ça va changer toute leur vie. Elles n'auront plus à s'inquiéter pour chauffer leur maison, éclairer leur maison. Ça fait tellement longtemps qu'on a attend!», ajoute Jimmy Papatie, directeur des ressources naturelles à Kitcisakik, notamment responsable de la cour à bois et de l'entretien des génératrices.
Mise à niveau des maisons
Les études techniques et environnementales seront amorcées cet été, puis suivra la construction des infrastructures électriques, qui devrait durer entre 12 et 24 mois.
«Les changements qu'on annonce aujourd'hui sont extrêmement importants pour la communauté. La vie est plus complexe et moins confortable à Kitcisakik. Cette offre va venir régler de grand problème» a déclaré le ministre des Autochtones, Ian Lafrenière.
Si les édifices publics, dont l'école, la garderie ou encore le centre de santé devaient être raccordés assez facilement, il en sera autrement pour le parc immobilier dont les petites maisons sont pour la plupart en mauvaises conditions.
«Il y a du travail à faire aussi pour l'adaptation des résidences pour recevoir l'électricité, pour s'assurer que c'est conforme», poursuit le ministre Lafrenière.
À quand l'eau courante?
Québec assure que le feu vert à l'électrification ne change en rien aux revendications de la communauté qui veut garder son autonomie.
Kitcisakik a toujours refusé le statut de réserve. Le projet de construction d'un nouveau village avec des infrastructures plus modernes est aussi toujours sur la table à dessin.
Mais l'autre enjeu de taille, pour qu'enfin les citoyens de Kitcisakik aient les mêmes commodités que tous les Québécois, sera d'avoir accès à l'eau courante.
Un dossier complexe négocié avec Ottawa, qui ne semble pas prêt d'être résolu.