Le groupe écologiste Équiterre a lancé cette semaine la campagne publicitaire «Pas de VUS pour moi» visant à décourager les Québécois de s'en procurer un pour une foule de raisons. L'initiative choque toutefois les concessionnaires automobiles du Québec qui ne la trouvent «pas drôle.»
Dans leur campagne publicitaire, Équiterre dénonce le prix plus élevé de ce type de véhicule, qui favorise l’endettement des familles et l’enrichissement des constructeurs automobiles.
«L’achat de gros véhicules augmente le risque d’endettement des ménages avec un coût à l’achat de 10 000$ de plus en moyenne qu’une voiture», soutient la campagne.
Équiterre dénonce aussi le danger que posent les VUS pour les piétons : «les VUS sont 2x plus souvent impliqués dans des accidents avec des piétons qu’une voiture».
Et finalement, ces véhicules contribuent à l’augmentation des GES de 55% au Québec, assure l’organisation.
«Face à l’urgence climatique et aux enjeux de sécurité et de finances, il est plus que temps de remettre en question l'engouement pour les VUS et autres camions légers», avertit Équiterre.
Réaction des concessionnaires
Les arguments évoqués par l'organisation ne passent tout simplement pas auprès de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec et de son PDG, Robert Poëti.
«La campagne m’a choqué. Savez-vous ce qu’elle a fait cette campagne-là? Elle a attaqué les citoyens du Québec [...] des gens qui se rapprochent de la nature, qui voyagent en région», soutient l’ex-ministre des Transports.
Il considère que les propriétaires de VUS sont littéralement «démonisés».
Équiterre assure de son côté ne pas attaquer personne, mais veut plutôt sensibiliser et convaincre la population des problèmes engendrés par ce type de véhicule.
«Est-ce qu’on a besoin de tels véhicules pour effectuer nos déplacements? On ne vise pas les propriétaires, on vise une tendance à l’augmentation de la taille du parc automobile qui fait en sorte qu’on n’arrive pas à réduire nos GES. On a plus de congestion et plus de nids-de-poule», soutient Marc-André Viau, d’Équiterre, en entrevue à Mario Dumont.
«Les gens achètent ces véhicules en raison des offensives publicitaires qui sont faites. Les constructeurs mettent 79% de leurs efforts dans la vente de ces véhicules... On se retrouve avec 80% de vente de ces véhicules. Il y a un impact publicitaire qui est non-négligeable», observe M. Viau.
Pour Robert Poëti, de penser que la publicité pour les VUS fonctionne auprès des Québécois consiste à sous-estimer leur intelligence.
«Parce qu’ils ont vu une publicité... c’est ça qu’ils veulent? Ce n’est pas ça qu’ils veulent. Les citoyens veulent aller faire des tours de vélo dans les Laurentides. Veulent mettre le canot sur le toit, ils vont dans des tournois de hockey, se déplacent. Ils ont besoin d’espace dans leur véhicule», défend M. Poëti.
***Voyez les entrevues avec les deux intervenants dans les vidéo ci-dessus.***