Ottawa a finalement banni le géant chinois des télécommunications Huawei ainsi que la compagnie ZTE du réseau 5G du Canada pour des raisons de sécurité.
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«Notre gouvernement annonce son intention d’interdire l’utilisation des composantes et des services de Huawei et de ZTE dans les systèmes de télécommunications au Canada», a déclaré jeudi en fin d’après-midi le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne.
Cette décision a été prise après un long examen approfondi des agences de sécurité et des consultations avec les pays alliés qui se sont échelonnés depuis plus trois ans.
«La bonne nouvelle pour les Canadiens [...], c’est que déjà, la grande majorité de notre réseau de télécommunications ne comprend pas d’équipement en ce qui concerne le réseau 5G de Huawei ou de ZTE», a soutenu M. Champagne lors du point de presse.
Les entreprises qui utilisent déjà les composantes de Huawei devront cependant les retirer, comme c’est le cas pour Bell et Telus.
Bien que les deux compagnies avaient demandé une indemnisation si le gouvernement allait de l’avant avec cette décision, le ministre Champagne a tout simplement répondu «non».
Ottawa compte également présenter une nouvelle législation à court terme afin de renforcer le système de télécommunications du pays et protéger la sécurité nationale, selon le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino.
Les relations entre le Canada et la Chine se sont détériorées après l’arrestation de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, en décembre 2018, après une demande d’extradition des États-Unis.
L’emprisonnement des deux Canadiens Michael Spavor et Michael Kovrig par la Chine avait alors mis le feu aux poudres aux relations entre les deux pays.
«Ça n’a jamais été une course, [...] c’est la bonne décision, c’est la décision qui est dans l’intérêt du Canada, qui est dans l’intérêt de la sécurité nationale», a réitéré M. Champagne, sans s’exprimer clairement sur de possibles répercussions de la Chine.«[L’examen mené] reflète la réalité que dans ces deux cas particuliers, il est nécessaire de s’assurer que nous interdisons l’installation de leur équipement et de leur technologie dans le réseau 5G, étant donné les risques potentiels qu’ils posent à la sécurité nationale», a ajouté M. Mendicino.
Rappelons que les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni avaient déjà interdit ou restreint l’équipement de Huawei sur leur territoire.
Une décision tardive pour l’opposition
Les partis d’opposition étaient unanimes. Si la décision du gouvernement Trudeau est accueillie favorablement, celle-ci a mis trop de temps à venir.
«Il a fallu trois ans au gouvernement libéral pour prendre cette décision alors que les autres pays du Five Eye ont fait connaître leur position beaucoup plus tôt. Ce retard n'a fait que soulever de sérieuses questions au pays et chez nos alliés sur les engagements du gouvernement libéral en matière de sécurité nationale et a entravé le marché national des télécommunications», a avancé le porte-parole néodémocrate pour l'innovation, la science et l'industrie, Brian Masse.
Même son de cloche du côté du Bloc, qui espère toutefois que «le gouvernement ne va pas verser de compensations aux géants de la télécommunication et ne pas faire payer les Québécois pour son indécision».
Les conservateurs, eux, souhaitent que le gouvernement offre une compensation aux entreprises canadiennes qui avaient déjà investi dans l’équipement de Huawei.
«Soit le gouvernement libéral va se voir demander une compensation de la part de ces entreprises, soit les coûts seront répercutés sur les consommateurs», ont laissé entendre les députés Raquel Dancho et Gérard Deltell.
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