Nous sommes des citoyen·ne·s habitant aux quatre coins du Québec. Nous nous impliquons dans des groupes citoyens revendiquant le développement de services de sages-femmes ou dans des groupes de parents dans les maisons de naissances. Nous désirons profondément pouvoir donner naissance avec l’accompagnement de sages-femmes, dans les lieux de naissance de notre choix, mais pour plusieurs d’entre nous, c’est impossible.
Nous sommes tou·te·s lié·es au Mouvement pour l’autonomie dans la maternité et pour l’accouchement naturel (Groupe MAMAN), un organisme de défense collective des droits qui milite pour l’accès aux services sages-femmes depuis plus de 25 ans. En cette semaine mondiale pour l’accouchement respecté (SMAR), nous réitérons collectivement que l’accès aux services de sages-femmes est un besoin des familles et que la demande pour leurs services excède largement l’offre actuelle.
Pratique reconnue
Au Québec, la profession a été légalisée en 1999 grâce au mouvement d’humanisation des naissances et aux sages-femmes autodidactes. Aujourd’hui, il s’agit d’une pratique légalisée et reconnue dans le système de santé. Savez-vous que le service est couvert par la RAMQ et que vous pouvez y avoir accès tout comme un·e médecin? Malgré la légalisation, moins de 5% des grossesses et naissances sont accompagnées par des sages-femmes alors que 25% des personnes enceintes souhaiteraient un tel accompagnement.
Aujourd’hui, notre cri du cœur est donc le suivant: les services de sages-femmes pour lesquels on milite depuis 25 ans existeront-ils encore dans 25 ans? La pénurie de sages-femmes est telle qu’on peut en douter. Bien que ses causes soient multiples, la pénurie découle d’abord et avant tout d’un manque de vision politique, d’un engagement financier insuffisant pour soutenir la formation des étudiant·e·s en pratique sage-femme et pour reconnaitre la valeur réelle du travail des sages-femmes ainsi qu’un manque déconcertant de planification de la main d'œuvre.
Les femmes et les sages-femmes ont milité main dans la main pour le retour de la pratique sage-femme au Québec et pour sa reconnaissance. Aujourd’hui, nous sommes attristé·e·s de constater les grands obstacles que vivent les sages-femmes dans leur pratique et qui affectent grandement, par la force des choses, les services offerts.
Soyons clair·e·s : pour que les sages-femmes continuent d’accueillir les naissances, nous devons opérer un changement de cap. Ce dernier doit se faire en faveur d’un développement des services de sages-femmes réfléchi où des changements concrets sont proposés à tous les niveaux: conditions de travail, conditions d’études et autonomie professionnelle.
Nous voulons parler de tous ces enjeux qui nous préoccupent avec le Ministre Carmant, la Ministre McCann et le Ministre Boulet, car nous jugeons que la situation est grave. Des actions importantes doivent être prises, une vision d’avenir doit être élaborée. Nous voulons avoir accès aux services de sages-femmes et nous voulons aussi que nos enfants y aient accès!
Signataires:
Le Mouvement pour l’autonomie dans la maternité et pour l’accouchement naturel (Groupe MAMAN) est un organisme de défense collective des droits qui travaille depuis plus de 25 ans auprès des groupes citoyens et des comités de parents dans les maisons de naissance. Tel que prévu dans le Cadre de référence pour le déploiement des services de sages-femmes, les services de sages-femmes sont issus de mobilisation citoyenne. Des groupes citoyens sont des groupes qui militent pour l’obtention de services sages-femmes et les comités de parents ou les réseaux sages-femmes sont des groupes de parents impliqués dans les maisons de naissance ou les services de sages-femmes.