La nouvelle génération d’élus municipaux compte marteler ses demandes et maintenir la pression sur les partis en campagne concernant les enjeux urgents qui les touchent. Ils pourraient jouer un rôle crucial, selon un expert.
Unis, plusieurs élus municipaux pourraient animer la campagne électorale qui commence ce dimanche, dans l’espoir de faire des gains.
Déjà, ce vendredi, ils sont réunis dans le cadre du Sommet de l’habitation (voir autre texte). «La date n’a pas été choisie au hasard. C’est pour indiquer que l’enjeu du logement est prioritaire pour les municipalités du Québec», signale la mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, dans le cadre d’une tournée d’entrevues menées par notre Bureau parlementaire.
«Il y a un message à passer, autant au gouvernement qu’aux partis en lice à la prochaine élection québécoise», relance Catherine Fournier, la mairesse de Longueuil.
Le maire de Laval, Stéphane Boyer, ajoute que les élus des villes doivent «collaborer» et «s’entraider» pour se faire entendre des formations durant la campagne québécoise.
Enjeux urgents
Dans l’ensemble, ils réclament tous beaucoup plus d’appuis et de soutiens financiers de la part de Québec. Environnement, logement, aménagement du territoire, mobilité durable: les mairesses et les maires ont du pain sur la planche.
«Ce ne sont pas les municipalités qui s’invitent dans la campagne, mais les thèmes choisis par les partis. Parce que ces thèmes sont les plus importants pour elles. Alors, oui, les municipalités vont nécessairement être impliquées, ne serait-ce que pour donner leur avis et parfois rétablir les faits», affirme le maire de Québec, Bruno Marchand.
En raison de «l’urgence de la situation» liée à ces enjeux, «il y a un empressement des maires et des citoyens pour agir vite et plus fortement», ajoute-t-il. «S’il y a des propositions qui sont inadéquates ou insuffisantes, les maires ont le choix de prendre la parole publiquement pour dire que ça prend plus.»
Une fois l’élection scellée, il espère d’ailleurs que le dialogue restera ouvert, et ce, peu importe le nombre de députés que le gouvernement fera élire.
Il soutient qu’un gouvernement peut décider d’être «arrogant», mais en réalité il «doit être capable de s’élever» et représenter tous les citoyens pour développer le Québec.
À Sherbrooke, Évelyne Beaudin compare la relation des villes avec Québec à celle de David contre Goliath. «Honnêtement, dans cette relation-là, ce n’est pas égal. Ni le gouvernement ni les villes n’ont intérêt à se lancer dans un bras de fer», soutient-elle.
Frictions
Le politicologue Philippe Dubois estime que les élus municipaux auront un rôle important à jouer, au-delà des listes d’épicerie habituelles.
«Considérant le bilan du gouvernement caquiste en matière d’affaires municipales, il y a probablement un désir d’intervenir», affirme-t-il, rappelant qu’il existe déjà des «frictions» entre Québec et les nouveaux élus.
«On valorise beaucoup cette scène politique. On les présente comme des gouvernements de proximité et ils se ramassent avec des enjeux et des responsabilités qui interpellent directement l’action du gouvernement québécois», dit-il.
Or, ajoute le professeur, les municipalités ne sont pas au diapason avec le gouvernement.
Catherine Fournier croit que le gouvernement voit d’un bon œil la nouvelle vague d’élus municipaux et qu’il est très ouvert au dialogue. Elle admet néanmoins qu’il y a des écueils. «C’est certain qu’il y a des difficultés qui sont vécues par les municipalités», décrit-elle. «Le fait que les villes soient financées uniquement par les taxes foncières, c’est certain que ça fait en sorte qu’on doit travailler avec Québec. Ça démontre aussi la nécessité d’avoir plus d’autonomie dans les villes. C’est sans doute un thème qui sera mis de l’avant.»
Une crise du logement «très importante», selon les Québécois
L’accès au logement et à la propriété est un problème important selon 84% des Québécois, révèle un sondage Recherche Mainstreet. La vaste majorité est d’ailleurs favorable à l’idée de densifier davantage les villes.
Ce sondage obtenu par notre Bureau parlementaire doit servir d’assise pour le Sommet sur l’habitation, organisé par les villes de Laval et de Longueuil.
À deux jours du déclenchement des élections au Québec, les maires qui militent pour obtenir une aide accrue du gouvernement du Québec pour régler la crise du logement ont maintenant en leur possession des données éloquentes.
«On avait vu juste. Ça confirme ce que nous, comme élus municipaux, on sent sur le terrain», signale la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier.
C’est pour cette raison qu’elle a eu l’idée, avec son homologue de Laval, d’unir les forces municipales et convier leurs collègues et les experts à ce sommet qui commence aujourd’hui. «Il faut réfléchir aux solutions et s’inspirer des meilleures pratiques à l’internationale», dit-elle.
Il s’agit de l’un des enjeux de l’heure qui pourrait rapidement rebondir sur les caravanes de partis politiques.
«Ça fait longtemps que le monde municipal demande plus d’investissement dans le logement social. On demande des programmes qui sont plus simples», indique le maire de Laval, Stéphane Boyer.
Préoccupations
Selon les données de Mainstreet, le coût élevé des logements ou des propriétés constitue le problème principal de la crise. D’ailleurs, 84% des gens estiment qu’il y a un manque criant de logements sociaux.
«Il est vraiment temps de prendre l’ampleur de la crise. De dire; il est vraiment temps de réagir pour répondre aux besoins, construire des habitations, construire des logements étudiants», indique le maire de Québec, Bruno Marchand.
Les solutions mises de l’avant par les villes semblent également plaire aux sondés. Pas moins de 71% sont favorable à la densification des villes.