Alors qu’il se défendait il y a quelques jours de brandir le spectre des mesures sanitaires pour attirer des votes, Éric Duhaime a prononcé mardi un discours enflammé dans lequel il a accusé François Legault d’être «le premier ministre le plus liberticide de l’histoire».

• À lire aussi: La CAQ demande aux générations futures de financer ses baisses d’impôt, dénonce Duhaime

• À lire aussi: Duhaime est irresponsable, selon Legault

• À lire aussi: «Bouclier anti-inflation»: la CAQ promet une baisse d’impôt et un chèque

Devant près de 300 militants, le chef conservateur a répondu à François Legault, qui l’avait traité plus tôt mardi «d’irresponsable», l’accusant de profiter de ceux qui ont souffert pendant la pandémie pour gagner des votes.

«Sans me nommer, il m’a accusé d’être un irresponsable (...). Ce qui est irresponsable, c’est que le premier ministre du Québec depuis des années divise la population du Québec», a-t-il lancé à ses partisans rassemblés dans un restaurant de Trois-Rivières.

«Il nous a divisés en disant que les travailleurs et les travailleuses dans les restaurants, dans les bars, dans les gyms n’étaient pas essentiels alors que lui l’était. Après ça il nous a divisés entre vaccinés et non-vaccinés, il a empêché le monde d’aller manger au restaurant, il nous a divisés entre anglophones et francophones et aujourd’hui il nous a divisés entre personnes âgées et les jeunes, en disant qu’il va aller chercher l’argent des jeunes pour aller le donner aux personnes âgées qui votent pour la CAQ.»

Or, le jour du déclenchement de la campagne, Éric Duhaime s’était défendu d’essayer de capitaliser sur la pandémie et les mesures sanitaires. «C’est intéressant que M. Legault dise [que je me sers des mesures sanitaires pour gagner des votes]. Je viens de faire un discours dans lequel je n’ai pas mentionné une seule fois les mesures sanitaires», avait-il alors déclaré.

Référant aux mesures sanitaires mardi, le chef conservateur a qualifié la gouvernance de François Legault d’irresponsable.

Liberté

Le chef du gouvernement a fait preuve de «culot» en se rendant en Beauce plus tôt cette semaine pour y prononcer un discours sur la liberté, estime Éric Duhaime.

«Il est allé dire qu’il est pour la liberté, M. Legault. Je pensais que c’était un humoriste qui le parodiait, mais ce n’est pas des farces, il a vraiment dit cela.»

Selon l’ancien animateur de radio, le premier ministre n’a pas le droit de se dire «pour la liberté», en raison précisément des mesures sanitaires prises par son gouvernement. «François Legault, c’est un homme qui est contre la liberté, qui a détourné tous les pouvoirs dans ses mains», a clamé Éric Duhaime devant la foule en liesse.

Popularité

Les rassemblements du parti conservateur attirent des foules considérables jusqu’ici. Une file imposante s’étendait dans le corridor du centre commercial où s’est arrêtée la caravane conservatrice, mardi midi.

Tous les militants qui étaient présents étaient fébriles à l’idée d’entendre discourir Éric Duhaime. Plusieurs le suivent de rassemblement en rassemblement. «J’étais à Québec il y a deux semaines, et je suis allée en Beauce samedi passé. Je suis content qu’il soit dans mon coin aujourd’hui, ça fait moins loin», confie une dame.

Parmi ces gens, beaucoup disent avoir voté pour la CAQ aux dernières élections et être déçus. «Je suis un ‘’CAQ-u’’», explique l’un d’eux, en reprenant une formule souvent employée par le chef conservateur. D’autres votaient déjà pour le PCQ, d’autres encore ne votaient plus depuis la disparition de l’ADQ.

Les mêmes raisons sont souvent évoquées par ces partisans pour expliquer leur appui à Éric Duhaime. Bien que certains évitent d’en parler, les mesures sanitaires occupent généralement une place importante dans leur choix. Un grand nombre le reconnait ouvertement, d’autres préfèrent parler de la gestion de la pandémie par le gouvernement Legault comme de «la goutte qui a fait déborder le vase».

Chez les personnes plus âgées, on note une préoccupation pour les générations futures. «Je vote PCQ parce qu’ils sont les seuls à se soucier de nos enfants», explique un homme dans la soixantaine.

Les conservateurs espèrent que la Mauricie sera une région fertile qui leur permettra de sortir de la région de Québec. En 2007, l’ADQ de Mario Dumont y avait fait élire plusieurs députés. «Si on réussit à sortir de la grande région de Québec, la Mauricie sera un des premiers endroits à voter conservateur, comme ça avait été le cas pour l’ADQ il y a quelques années», a souligné l’attaché de presse du PCQ.