Le père d’Amélie Champagne, cette jeune femme de 22 ans atteinte de la maladie de Lyme qui a récemment mis fin à ses jours, croit que le système de santé québécois a rejeté sa fille.
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«La prise en charge au niveau détresse psychologique a été absente et ce n’est pas juste qu’elle a été absente, ma fille a été rejetée du système», déplore le père endeuillé, Alain Champagne, dans une entrevue poignante accordée à TVA Nouvelles.
**Voyez l'entrevue complète dans la vidéo ci-dessus.
Les parents d’Amélie ont fait plusieurs tentatives pour que leur fille soit prise en charge par le système de santé et reçoive les traitements dont elle avait besoin pour sa détresse psychologique.
Le premier essai a eu lieu au début du mois de septembre. La mère de la jeune femme l’a conduite à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas puisqu’elle a admis à son frère qu’elle avait l’intention d’en finir.
«C’est un rendez-vous qui a duré malheureusement 25 minutes avec une prescription de pilule pour dormir et Amélie était de retour à la maison ce soir-là», explique le père.

Cette nuit-là, elle est partie «en catimini» de la résidence montréalaise de la famille.
Constatant qu’elle n’était plus à la maison le matin, la famille a appelé le 911.
Les policiers ont retracé le téléphone cellulaire d’Amélie à une résidence de la famille qui se trouve en Estrie.
La jeune femme a tenté de commettre l’irréparable en sautant dans l’eau en plein milieu du lac.
Elle a toutefois réussi à regagner la rive à la nage.

Amélie a ensuite été conduite en ambulance à l’urgence psychiatrique du CHU de Sherbrooke.
«En toute honnêteté, on est passé de la pire journée de notre vie, ce matin-là, à un miracle de la voir, à un soulagement qu’il allait y avoir une prise en charge», se rappelle Alain Champagne.
Mauvaise adresse
Le soulagement de la famille d’Amélie Champagne a toutefois été de courte durée.
La jeune femme n’aura passé que trois jours et deux nuits à l’urgence psychiatrique.
En attente d’un transfert dans un hôpital montréalais, elle n’a pas pu être gardée à Sherbrooke.
Le père raconte que le personnel de l’hôpital lui aurait répondu que «son dossier médical indique une adresse à Montréal, donc on ne peut pas la prendre en charge localement et votre fille a exprimé le désir également de quitter l’urgence».

«On m’a répondu tout simplement: de notre opinion, votre fille s’est stabilisée et elle ne représente pas un danger immédiat pour elle-même», ajoute-t-il.
L’homme n’a eu d’autre choix que d’aller chercher sa fille dans le stationnement de l’hôpital sherbrookois, «certainement dans un état que je qualifie de pire que lorsqu’elle est rentrée».
De retour à la résidence familiale en Estrie, Amélie avait encore des pensées noires, selon son père.
«Elle ne représentait pas un danger immédiat pour elle-même, selon ce que je m’étais laissé dire, mais disons que le lendemain matin c’était clair que c’était encore le cas», dit-il.

M. Champagne avait réussi, grâce à un contact, à trouver une place pour sa fille au département de psychiatrie du CHUM le lundi suivant.
Malheureusement, Amélie a mis fin à ses jours avant.
«Inacceptable»
Alain Champagne est d’avis que sa fille n’aurait jamais dû être autorisée à sortir de l’hôpital.
«Il faut bien comprendre que quand quelqu’un tente de se suicider et qu’on frappe aux portes, qu’on défonce les portes et que le système les accepte à l’intérieur, mais les rejette, pour moi ce n’est même plus un problème d’accès. Ici, ce n’était pas un problème d’accès, on était dans le système. C’est un problème de rejet», déclare-t-il.

S’il refuse de condamner le travail des médecins, le père critique un système qui «a manqué d’empathie et d’humanisme».
«J’avais le sentiment qu’on se préoccupait plus de la bureaucratie, à la limite, que de la santé de notre fille. Ça, pour moi, c’est inacceptable», dit-il.
Il souligne aussi les lacunes de la province dans la détection de la maladie de Lyme.
S’il refuse de faire un lien direct entre la maladie et le décès de sa fille, Alain Champagne conclut toutefois que «la maladie de Lyme l’a kidnappée» puisque «les symptômes étaient devenus très débilitants».
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