Au Saguenay-Lac-Saint-Jean les délais d'attente avant qu'un dossier soit pris en charge sont trois fois plus longs que la règle souhaitée.
Cette attente s'élève, en moyenne, à 57 jours actuellement.
La situation à la DPJ est loin de s'améliorer : 57 jours s’écoulent en moyenne entre un signalement à la DPJ et le premier contact avec un intervenant au Saguenay-Lac-Saint-Jean, de même qu’à Montréal.
Ailleurs au Québec, c’est encore pire, 97 jours d’attente en Estrie et 70 jours en Mauricie.
«Je trouve ça désolant parce qu'on n'avance pas. En mai 2021 Mme Laurent avait déjà emmené des lacunes du système et des listes d'attentes, mais elle avait également donné des recommandations de soutenir les organismes communautaires et d'avoir d'autres portes d'entrée que la DPJ», a mentionné Mme Valérie Assouline, avocate spécialisée en droit de la jeunesse et de la famille.
Malgré la soixantaine de recommandations émises dans le Rapport Laurent en novembre 2020 pratiquement rien n'a changé.
«J'aurais tellement souhaité vous dire que je l'ai observé, mais c'est incroyable sur le terrain. Ça peut prendre un an avant qu'on entende un dossier», a déploré Mme Assouline.
«J'ai des gens qui m'appellent chaque semaine pour me dire: écoutez j'ai fait un signalement, j'ai un enfant qui est vraiment en détresse, personne ne me rappelle, je fais quoi ?», a expliqué Valérie Assouline.
Des drames précédés d’un signalement à la DPJ, il y en a. Pensons à la fillette de Granby ou encore au petit Thomas Audet, à Saguenay, dont le nom figurait toujours sur la liste d’attente de la DPJ au moment de son décès.
«Il y avait des drapeaux rouges. L'enfant est au cimetière», a soufflé son grand-père, André Simard.
«Il devrait y avoir une création de ressources intermédiaires pour sortir des enfants d'un milieu où ça pourrait être extrêmement dangereux. Le placer dans une ressource intermédiaire temporaire, soit de 5 à 20 jours, le temps de regarder le dossier comme il faut», a-t-il suggéré.
Manque de main-d’œuvre
À cela s’ajoute un manque de main-d’œuvre au CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Une dizaine de postes à l'évaluation et l'orientation des signalements sont à combler.
«Certains secteurs de la région font face à un manque de personnel plus important et nous faisons activement du recrutement afin de combler ces postes», a expliqué par courriel le responsable des communications du CIUSSS, Pierre-Alexandre Maltais.
Il ajoute être conscient des temps d’attentes plus élevés dans la région et mentionne que « les équipes travaillent très fort afin de le diminuer ».
Responsabilité citoyenne
«Les enfants, il faut que tu les protèges! Que ce soit le tient, que ce soit celui d'un autre, que ce soit dans ta parenté», a souligné André Simard.
«En tant qu'individus, on doit tous être bienveillants, on doit aller voir notre voisin si on voit que son enfant est “tout croche”», a ajouté Me Assouline.
«Il faut agir hier, il faut agir il y a 40 ans! C'est de mettre l'ordre des priorités et c'est ça qu'il manque à la DPJ et ça, c'est les hauts dirigeants qui ont cette grande responsabilité. J'espère que ça va changer, on n'a pas le choix», a conclu Mme Assouline.