Sûr de lui, détendu, parfois incisif, le nouveau premier ministre britannique Rishi Sunak a rassuré sa majorité, exsangue après des semaines de chaos, mercredi lors de son premier duel au Parlement avec le leader de l'opposition.
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Pour sa première séance de «PMQs», les questions au premier ministre, Rishi Sunak, devenu mardi le troisième premier ministre du Royaume-Uni en 50 jours, a donné tout ce qu'il avait de répartie pour contrer les attaques des travaillistes, réjouissant des députés conservateurs mal en point.
Après le scandale de trop et la démission de Boris Johnson en juillet, les députés conservateurs auraient préféré que ce soit Rishi Sunak et non Liz Truss qui accède à Downing Street, mais les adhérents du parti avait choisi l'ancienne cheffe de la diplomatie à un Rishi Sunak jugé donneur de leçons.
Alors quand leur nouveau leader a pris la parole, ils l'ont bruyamment applaudi, allant même jusqu'à taper sur les bancs du Parlement, jusqu'à ce que le président de la chambre Lindsay Hoyle intervienne : «N'abîmez pas les meubles!».
Cet accueil plus que chaleureux contraste avec les silences gênés qui avaient accompagné Liz Truss la semaine dernière, quand elle avait affirmé aux députés qu'elle était «une combattante, pas une démissionnaire». Elle démissionnait le lendemain.
Si les Tories semblent avoir retrouvé un semblant d'enthousiasme, l'opposition travailliste n'a pas manqué de moquer l'instabilité qui règne dans les rangs de la majorité.
Élections générales
«La seule fois qu'il (Rishi Sunak) a pris part à une élection, il s'est fait battre par l'ancienne Première ministre, qui elle-même s'est fait battre par une laitue», a asséné le chef de l'opposition Keir Starmer dans une Chambre des Communes fébrile.
Alors que la situation devenait intenable pour Liz Truss, le tabloïd Daily Star avait créé le buzz sur les réseaux sociaux en mettant en scène un portrait de la première ministre face à une laitue, se demandant qui résisterait le plus longtemps. La salade avait gagné.
«J'ai dit la vérité pour le bien du pays», a répondu M. Sunak, rappelant que s'il avait perdu face à Liz Truss, ce n'est pas faute d'avoir averti tout l'été des conséquences néfastes des baisses d'impôts promises par sa rivale d'alors.
Le plan budgétaire proposé par Liz Truss en septembre a viré au fiasco politique, économique et financier ces dernières semaines, aboutissant à la démission de la première ministre.
Le défi s'annonce colossal pour M. Sunak. À 42 ans, il doit panser des plaies encore vives après le chaos des derniers mois, et ce alors que les travaillistes -largement en tête dans les sondages- réclament des élections anticipées.
Si un tel scrutin n'est pas prévu avant la fin 2024, Keir Starmer a donné une idée de ce à quoi ressemblerait la prochaine campagne électorale. Et tous les coups seront permis.
Sa richesse pour faiblesse
Déjà, le Labour fait de la fortune de Rishi Sunak et de son épouse (estimée à 730 millions de livres) un angle d'attaque privilégié, estimant qu'elle le rend incapable de comprendre les préoccupations des Britanniques.
Keir Starmer a ainsi rappelé aux députés que la femme de M. Sunak avait bénéficié d'un statut fiscal privilégié ou qu'il s'était vanté d'avoir dévié des fonds gouvernementaux destinés à des régions défavorisées vers un coin huppé du sud-est de l'Angleterre.
Au-delà de sa richesse, son train de vie en décalage total avec la réalité des Britanniques -une vidéo l'a montré peinant à utiliser une simple carte bancaire- et ses remarques parfois condescendantes - il s'était vanté, plus jeune, de ne pas avoir d'amis issus des classes ouvrières - sont mal perçues par les électeurs.
Vu comme déconnecté des réalités en pleine crise du coût de la vie, Rishi Sunak va devoir convaincre, d'autant qu'il arrive à Downing Street sans qu'aucun vote -des députés, des membres du parti ou encore moins des Britanniques dans leur ensemble- n'ait eu lieu.