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Les banques alimentaires sont vides

Les stocks continuent de baisser dans les banques alimentaires du Québec, qui doivent se résoudre à faire des achats à fort prix au lieu de compter sur les dons. Le hic, c’est que les caisses aussi sont vides. 

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« On ne fournit pas. C’est choquant de voir le niveau de la demande », lance Martin Munger, directeur général des Banques alimentaires du Québec (BAQ).

Avec l’inflation alimentaire à plus de 10 %, et avec la hausse du prix de l’essence et de celui des loyers, la nourriture est le premier poste de dépense où les gens coupent dans le budget.

Personne n’est mieux placé pour en parler que ceux qui gèrent nos nombreuses banques alimentaires. 

« C’est 62 % des organismes qui déclarent avoir manqué de denrées, ce qui donne de plus petits paniers », indique le DG des BAQ, un réseau de 1200 organismes qui publiait cette semaine son Bilan-Faim 2022

Le nombre de demandes d’aide alimentaire a augmenté de 375 000 en 12 mois pour atteindre 2,2 millions. Il y a maintenant 671 000 Québécois qui reçoivent de l’aide alimentaire chaque mois, une hausse de 9 % en un an et de 33 % en 3 ans. 

Les personnes âgées qui ne vivent que de leur chèque de pension sont plus présentes que jamais (+ 25 % en un an). Pareil pour les travailleurs (+ 37 %).

« Depuis le début de la pandémie, on est obligés d’acheter des denrées. On n’achetait rien avant », explique Martin Munger.

Les dons fondent

Et les fonds se font rares. Les banques alimentaires « ne peuvent pas fournir seules » et vont devoir « frapper à la porte du gouvernement ». 

C’est bien ce que vit l’organisme Aliment-Terre, à Paspébiac, dans la Baie-des-Chaleurs, en Gaspésie. 

« On a eu une augmen-tation de 10 % de la demande en un an et une chute assez drastique des denrées récupérées en supermarchés », explique le coordonnateur, Sylvain Badran. 

Aliment-Terre dessert un bassin d’environ 12 000 personnes et offre 400 dépannages par année. 

L’organisme a vu les dons de denrées chuter de plus de la moitié. Le coordonnateur fait des miracles avec son budget, mais il ne pourra pas continuer comme ça éternellement. 

Jean Gagnon est dans la même situation à Laval. Le directeur du Centre de bénévolat et moisson Laval chapeaute un réseau de 75 organismes dans la troisième ville la plus peuplée du Québec et aide 35 000 personnes par mois. 

« Notre budget pour 2022 est déjà dépassé pour les achats, et les temps difficiles, qui viennent après les Fêtes, ne sont même pas passés », dit-il. 

La valeur estimée des denrées offertes par Moisson Laval est de 23 millions $, soit 400 000 $ par semaine. 

« On n’aurait pas cet argent-là si ce n’était des dons, mais les dons fondent à vue d’œil », ajoute-t-il. 

Il se dit inquiet, surtout qu’en 14 ans chez Moisson Laval, il en a vu des vagues, mais jamais une qui dure aussi longtemps que l’actuelle. 

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