Un véritable prédateur des réseaux sociaux a plaidé coupable à une kyrielle d’accusations de leurre, d’extorsion, ainsi que de production et distribution de pornographie juvénile jeudi à Québec, lui qui est allé jusqu’à forcer une adolescente à commettre des actes de bestialité pour ensuite distribuer les vidéos.
Yoan Dionne aura profité de près d’une vingtaine de jeunes filles qu’il a extorquées et leurrées sur les réseaux sociaux pour obtenir des photos intimes de la plupart d’entre elles.
L’homme de 25 ans usait de divers stratagèmes pour lui permettre d’accéder au compte Snapchat, au serveur infonuagique ou aux échanges Facebook et Messenger de ses victimes pour mettre la main sur des images d’elles. S’ensuivait par la suite un jeu malsain de menaces et de chantage pour obtenir plus de matériel pornographique sans quoi l’accusé distribuait les photos ou vidéos déjà acquises si les jeunes filles n’obtempéraient pas à ses demandes tordues.
L’accusé a même utilisé les comptes déjà piratés pour s’en prendre à la demi-sœur d’une victime ainsi qu’aux amies d’autres. Il utilisait aussi le compte de proches comme celui de l’oncle d’une des victimes, pour gagner leur confiance rapidement.
Deux des victimes au dossier sont majeures, tandis que les autres sont toutes âgées de 12 à 17 ans.
Bestialité
Dionne aura même poussé l’odieux jusqu’à demander à une adolescente de s’adonner à des actes de bestialité.
En septembre 2020, il utilise un faux compte pour ajouter sa jeune proie sur Facebook. Au fil de leurs échanges, la conversation prend rapidement une tournure sexuelle et Dionne, sous l’alias «Sequela Miron», envoie des photos nues et demande à la victime la même chose. Les demandes de photos deviennent rapidement des sollicitations de vidéos de masturbation sous la menace, chantage auquel la victime succombera.
Dionne lui partage ensuite des vidéos de pornographie juvénile et de bestialité, demandant à la jeune fille de 13 ans de reproduire les gestes avec ses propres chiens, ce qu’elle fera aussi.
Les policiers seront ultérieurement en mesure de retrouver ces images dans le cellulaire de l’accusé et prouveront également qu’il les a partagées à un autre usager.
36 chefs d’accusation
Dans un autre cas, l’accusé a contacté la mère d’une victime à partir du compte de l’adolescente qu’il avait préalablement piraté. Il tente alors d’extorquer des photos intimes de la mère, après avoir obtenu celles de la fille.
«Ta fille stune pute, [envoie-moi] tes sens [seins]. Sinon j’expose ta fille», réclame Yoan Dionne.
Certaines des victimes ont aussi reçu des photos illicites de l’accusé. Sous le pseudonyme «Yo Decriss», il partage à des adolescentes des photos de pénis sur lequel apparaît le tatouage d’un cœur au côté duquel se trouve l’inscription «Suck it». Un mandat général des forces policières a permis de confirmer que l’accusé porte bien ce tatouage.

Capture d’écran, vidéo Facebook Yoan Dionne
Au final, la procureure de la Couronne Geneviève Corriveau a porté un total de 36 chefs d’accusation dans trois dossiers distincts. Parmi les accusations les plus graves, Yoan Dionne a plaidé coupable à neuf accusations de distribution de pornographie juvénile, sept d’extorsion, six de leurre, deux de productions de pornographie juvénile et une de bestialité.
Dans ses appareils, 103 fichiers constituant de la pornographie juvénile seront retrouvés. Selon la preuve au dossier, on y voit des enfants de sexe féminin âgés entre 3 et 15 ans subir des sévices sexuels aux mains d’hommes adultes et d’autres exhiber leurs organes génitaux.
Partout en province
Fait à noter, le dossier aura nécessité un imposant travail d’enquête alors que les faits admis en cour ont été commis dans une dizaine de régions différentes, de Gatineau à Québec en passant notamment par Drummondville, Saint-Hyacinthe, Asbestos, Trois-Rivières.
Vu les victimes dispersées à travers la province, ce sont les adresses IP reliées à l’accusé, le modus operandi utilisé, les pseudonymes communs et les éléments de preuve retrouvés sur les appareils de Yoan Dionne qui ont permis d’attacher le dossier.
«L’enquête a permis de faire le point entre les différents dossiers», a indiqué dans son résumé des faits la procureure au dossier.
Possession de drogue en plus
L’accusé a aussi plaidé coupable mercredi dans des dossiers de possession de drogues dans le but d’en faire le trafic et de bris de condition. Il avait été épinglé durant une opération filature de la police alors qu’il se trouvait dans un véhicule en compagnie d’un complice. Les agents avaient saisi à bord 44 kilos de haschich et 14 kilos de cannabis.
Dionne avait déjà été arrêté dans une frappe antidrogue de la Sûreté du Québec à Drummondville en 2019.
Il reviendra devant le tribunal en janvier prochain pour la suite de ses dossiers.