Plusieurs députés conservateurs ont perdu leurs élections en raison des services secrets chinois, croit l’ancien ambassadeur du Canada en Chine, Guy St-Jacques, après la publication d'un rapport faisant état d’une ingérence pour défaire des candidats perçus comme «anti-chinois» lors des élections fédérales de 2019 et 2021.
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En entrevue à QUB radio mardi, l’ancien ambassadeur s’est dit surpris de l’ampleur de la situation.
«Ça a été plus loin que ce dont je me doutais. Ça fait longtemps que les chinois s’intéressent au système politique Canadien parce qu’ils ont compris, aussi, qu’ils peuvent l’influencer, donc ils maintiennent des dossiers sur les députés», a-t-il indiqué au micro de Philippe Vincent Foisy.
Par ailleurs, aucun détail n’a été dévoilé quant au moment où cette opération s’est déroulée ni quant aux personnes visées par les services chinois.
Malgré les révélations faites dans un reportage de «Global News», lundi, concernant la campagne de 2019, l’ex-ambassadeur est convaincu que des opérations chinoises de la sorte ont eu autant d’effets sur la campagne électorale de 2021.
«En 2021, je suis convaincue qu’il a y plusieurs députés conservateurs qui ont perdu leurs élections en raison des services secrets chinois qui utilisaient les réseaux sociaux pour attaquer les candidats sur leurs diverses plateformes», a-t-il fait savoir.
Guy St-Jacques a tenu a rappeler l’importance de préserver une bonne démocratie au pays. Pour se faire, il faudrait «empêcher ce genre d’activités-là parce que sinon, ça va être la Chine qui va dicter nos politiques.»
Selon l’expert, le Canada serait conscient du comportement «voyou» de la Chine à son égard au cours des dernières années, ce qui pourrait pousser le Canada à changer son approche.
«J’espère que ce sera explicite sur quels domaines on va être prêt à collaborer et quelles mesures qu’on est prêt à prendre pour, justement, empêcher l’interférence.»
Rappelons que le Canada dépend encore de la Chine pour ses chaines d’approvisionnements, mais n’empêche que la confiance entre les deux pays est complètement brisé, a mentionné M. St-Jacques.
«La Chine voit les règes comme si c’était un buffet, en choisissant ce qu’elle veut ou non [...] il faut réformer les règles internationales dans toutes les grandes institutions. La Chine est très active pour changer les règles pour qu’elles soient alignées sur son modèle autoritaire.
Pour un envoyer un message clair à la Chine, il faudrait, selon lui, que le Canada diversifie ses approvisionnements, en provenance de d'autres pays.
«Il y a trop de danger maintenant. Il faut réagir.»