Le Québec doit se doter d’un véritable registre québécois du cancer car le manque d’information empêche le réseau de planifier ses politiques, alarme le président de l’Association des médecins hématologues et des oncologues du Québec (AMHOQ).
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En entrevue sur Qub radio mercredi, le Dr Martin Champagne est revenu sur les données publiés mardi par la Société canadienne du cancer (SCC).
Celles-ci révélaient que le nombre de personnes qui ont actuellement, ou qui ont eu un cancer, dépasse les 1,5 million au Canada, comparativement à 1 million il y a 10 ans.
Ces données sont une «bonne nouvelle» puisqu’elles témoignent des améliorations de la survie, mais mettent aussi en avant les répercussions à long terme du cancer sur le système de soins de santé.
«Au Canada, on parle de 85 000 décès approximativement par année, c’est l’équivalent de la ville de Repentigny ou de celle Brossard», a précisé le Dr Champagne au micro de Philippe-Vincent Foizy.
- Écoutez le président de l’Association des médecins hématologues et des oncologues du Québec sur QUB radio:
«Malheureusement, au Québec, on n’a pas de statistiques fiables, a-t-il déploré. Le registre de cancer est inopérant [...]. Les données du Québec datent de 2011, on n’a aucune donnée plus récente, sinon des approximations.»
Le Dr Champagne a expliqué que d’avoir des données à jour sur le cancer permet notamment d’établir des programmes de dépistage plus efficaces, et de savoir exactement où mettre de l’argent.
«Je pense que M. Dubé a besoin de ce genre de tableau de bord, parce que si vous ne savez pas combien il y a de malades atteints du cancer du côlon de stade 3 ou de stade 4, comment est-ce que vous faites économiquement pour planifier, pour faire un budget de ce qui est requis ?»
Avec l’évolution des technologies, ces données de 2011 sont comme «des photos antiques», a ajouté le président de l’AMHOQ.
L’impact de la pandémie
Le Dr Martin Champagne souligne par ailleurs que ses collègues oncologues et lui voient beaucoup plus de patients qui sont atteints d’un cancer à un stade plus avancé que ce qu’ils observaient avant la pandémie.
«Et ça, y’a un coût à payer pour le patient puisque ces chances de guérison sont moins grandes, les traitements seront plus intenses que s’il avait été diagnostiqué plus précocement», a-t-il expliqué.
«Pendant la pandémie on a accumulé plus d’une dizaine de milliers de patients en attente de coloscopie et présentement on peine à rattraper ou à combler ce retard.»
Pour lui, les dernières statistiques de la SCC et le manque de données au Québec rappellent «qu’il va falloir qu’on mette d’importants efforts pour combler ce retard» et que le gouvernement devrait «s’alarmer» de la situation.