La hausse des taux d'intérêt ralentit considérablement le marché de la construction, une réalité qui a un impact direct sur les fournisseurs de matériaux.
«Mon carnet de commandes pour le résidentiel a chuté de 90 %, a raconté le propriétaire de Flordeco-Couvre-Plancher de Sherbrooke, Mario Doyon. Une chance que j’ai des clients commerciaux et institutionnels; pour l’instant, de ce côté-là, ça va. On va voir en 2023.»

«La hausse des taux d’intérêt combinée au fait que le prix des matériaux est encore élevé fait en sorte que ça refroidit les constructeurs et le nombre de nouvelles mises en chantier diminue», a expliqué le directeur du Service économique à l’APCHQ, Paul Cardinal.

En date du 9 novembre, la Ville de Sherbrooke a délivré 421 permis de construction depuis le début de l’année. À ce rythme, 2022 s'annonce l'année la moins productive des cinq dernières (661 en 2021, 616 en 2020, 607 en 2019 et 516 en 2018).
L'économiste Mario Fortin, professeur à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke, s'attend à ce que le ralentissement se poursuive encore quelques mois. «La Banque du Canada l’a dit, le domaine de la construction sera le plus sensible à la hausse des taux d’intérêt. Pour chaque point d’augmentation, il faut s’attendre à ce que les activités de construction chutent de 6 à 7%.»

Cette situation arrive à un bien mauvais moment disent les constructeurs, alors que la crise du logement frappe plusieurs régions du Québec. «Il faut augmenter le rythme si on veut combler le manque de logements», a insisté Paul Cardinal.

«Tout ça survient alors que le gouvernement fédéral veut augmenter le seuil d’immigration à 500 000 personnes par année, a ajouté Mario Fortin. Ça va causer une augmentation de la population et une hausse de la demande de logements. À moyen terme, il risque d’y avoir un effet à la hausse sur le prix des loyers.»