Des milliers d’étudiants de la Faculté de l’éducation de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) sont en grève depuis le 17 octobre dernier et notre mouvement ne montre pas de signe d’essoufflement. Au contraire, d’autres associations étudiantes facultaires de l’UQAM sont entrées en grève pour nous appuyer et de plus en plus d’associations d’autres universités songent à se joindre à nous.
Les revendications des futurs enseignants et leurs collègues portent sur deux grands enjeux: de meilleures conditions de stage et la salarisation. Plus précisément, les stagiaires s’attendent à être protégés contre le harcèlement que de trop nombreux d’entre eux vivent de la part des enseignants auxquels ils sont jumelés dans les écoles, ou même de leurs propres superviseurs à l’UQAM.
Harcèlement psychologique et sexuel
Nous ne comptons plus les témoignages de nos pairs qui rapportent être victimes de harcèlement psychologique, de harcèlement sexuel et de nombreuses autres situations inacceptables en milieu de travail. Par exemple, une étudiante, qui préfère conserver l’anonymat, nous racontait cette semaine avoir reçu des avances de son enseignant associé pendant son stage de l’année dernière, avances qui se poursuivaient toujours par message texte jusqu’à tout récemment malgré son opposition sans équivoque.
Or, actuellement, les responsables de l’UQAM nous dirigent vers les policiers lorsque ces situations se présentent, tout en soulignant qu’une dénonciation entraînerait automatiquement un retrait du milieu de stage. Les personnes qui choisissent cette voie sont alors forcées d’attendre un an avant de pouvoir reprendre leur stage, un délai souvent inacceptable pour un baccalauréat qui dure déjà quatre ans.
La situation des parents étudiants
Les parents étudiants sont particulièrement à la merci des politiques de l’UQAM, eux qui doivent jongler avec la garderie, les devoirs, leur emploi et leur stage, qui exige une présence à des heures souvent incompatibles avec leur réalité. Il semble logique à nos yeux que ces étudiants aient la priorité dans l’octroi des milieux de stage et que leurs enseignants associés et superviseurs fassent preuve de flexibilité quant à leur situation particulière.
Le temps de transport vers le milieu de stage, la charge de travail et la présence obligatoire à l’école en dehors des périodes d’enseignement font aussi partie des conditions de stage que nous aimerions améliorer.
Sur plusieurs de ces points, cependant, l’UQAM nous renvoie à des instances auxquelles elle interdit explicitement de se réunir pendant la grève, de sorte que nous nous trouvons dans une impasse, malgré notre volonté de régler ces questions le plus rapidement possible.
Stages rémunérés
Parallèlement, les étudiants en éducation mènent un combat pour la salarisation de leurs stages, un acquis qui semble faire consensus dans de nombreuses disciplines comme l’ingénierie, la médecine, la finance, la comptabilité et bien d’autres. En pleine pénurie de personnel scolaire et avec un taux d’inscription en baisse dans les universités québécoises, il nous apparaît primordial de nous assurer que le Québec ne se prive pas de futurs enseignants motivés simplement parce que ces personnes n’ont pas les moyens de participer à des stages à temps plein de plusieurs semaines sans être payés, d’autant plus que ces stages sont généralement jumelés à des trimestres universitaires intensifs tout aussi exigeants. Or, avec des taux d’inflation record, nombre de ces potentiels enseignants choisiront certainement une autre carrière.
Le premier ministre François Legault déclarait en 2018 que «pour la première fois depuis les années 1960, l’éducation va être la première priorité du gouvernement». Dans son discours de victoire du 3 octobre dernier, il remettait cela en affirmant que «la priorité des priorités, ça doit rester l’éducation». Les étudiants du Québec proposent de nombreuses solutions pour offrir une chance juste et équitable à tous les Québécois qui souhaitent venir en aide à nos enfants et à notre système d’éducation. M. Legault, un ancien ministre de l’Éducation, a aujourd’hui l’occasion de tendre la main aux étudiants et de montrer à tous que le Québec comprend la valeur de l’enseignement et des enseignants.
En attendant la collaboration de l’UQAM et du gouvernement, nous poursuivrons notre lutte et nous nous rejoindrons à la place Émilie-Gamelin ce jeudi 10 novembre pour faire entendre notre ras-le-bol collectif.