Lors de sa sortie publique controversée pour les armes à feu ce week-end, Carey Price n’était pas au courant de l’existence de la tuerie de la Polytechnique dont le 33e anniversaire sera souligné mardi.
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C’est l’organisation du Canadien qui a confirmé que son gardien étoile ne savait rien de cette tragédie qui a coûté la vie à 14 femmes le 6 décembre 1989 et qui a marqué tout le pays.
La vice-présidente, communications hockey, du Canadien, Chantal Machabée, a expliqué à TVA Sports lundi que Price disait ignorer le drame ainsi que les initiatives de promotion menées par la Coalition canadienne pour les droits des armes à feu (CCFR). L’organisation pro-armes a fait parler d’elle récemment après avoir créé le code promotionnel «POLY» afin de promouvoir l’achat de marchandises sur son site web.
«Économisez 10 % avec le code promotionnel POLY», avait écrit le 20 novembre sur Twitter la vice-présidente des relations publiques de la Coalition, Tracey Wilson.
Plus tard lundi, le Tricolore a présenté des excuses dans un communiqué, soulignant une fois de plus que le Britanno-Colombien n’avait pas agi en connaissance de cause.
«Comme mentionné précédemment, Carey n'était pas au fait de la récente campagne marketing du CCFR ni du synchronisme non intentionnel de sa déclaration. Les Canadiens de Montréal souhaitent transmettre leurs plus sincères excuses à tous ceux offensés ou bouleversés par le discours engendré à ce sujet dernièrement.»
Un but contre son camp
Si la déclaration du gardien a été saluée par de nombreux chasseurs, la sortie a choqué une bonne partie de la population, si bien que Price se retrouve plutôt à avoir marqué dans son propre but avec son message.
Surtout avec son ignorance de la tuerie, à quelques heures de la cérémonie pour rendre hommage aux victimes.
Rappelons que le gardien, qui risque de ne plus jamais porter ses jambières en raison d’une blessure, s’en est pris au gouvernement Trudeau sur Instagram en dénonçant le projet de loi C-21.
«J’aime ma famille, j’aime mon pays et je me soucie de mon prochain. Je ne suis pas un criminel ni une menace pour la société. Ce que [le premier ministre] Justin Trudeau essaie de faire est injuste. Je soutiens la Coalition pour garder mes outils de chasse», a-t-il écrit.En fin de journée, lundi, Price a de nouveau émis quelques commentaires.
«Je continue de soutenir mes collègues chasseurs et les tireurs sportifs ayant acquis légalement leur bien et l’utilisant de manière sécuritaire. Ce sont mes opinions et je les assume. La seule raison pour laquelle j’ai abordé le sujet, c’est ce qu’il signifie actuellement et ce n’est pas pour manquer de respect à l’égard d’autrui, a-t-il rédigé. Non, je ne suis pas d’accord avec ce code promotionnel non plus.»
Déposé au printemps, le projet C-21 pourrait modifier la définition des armes d’assaut en ajoutant plusieurs armes utilisées par les chasseurs. Un amendement proposé par les libéraux en novembre fait particulièrement sursauter de nombreux propriétaires d’armes à feu, notamment celles dites récréatives et celles consacrées à la chasse.
Ses détracteurs jugent trop vagues les nouveaux paramètres de la législation qui imposerait des contraintes sévères quant à la possession de modèles d'armes semi-automatiques avec un chargeur amovible pouvant contenir plus de cinq cartouches. L’amendement en question est examiné par le Comité permanent de la sécurité publique et nationale.
L’arme de Carey Price restera légale
Lundi, le bureau du ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a souhaité rétablir certains faits au sujet du projet de loi et de la publication de Price. L’arme, de calibre .12 et comprenant un chargeur détachable, ne serait par ailleurs pas visée par la potentielle loi d’Ottawa.
«Lorsqu'il s'agit du débat sur la manière de lutter contre la violence armée, les faits comptent. D'abord, l'arme à feu illustrée dans la publication de Carey Price n'est pas interdite en ce moment et restera légale», a indiqué le cabinet du ministre dans un message transmis à l’Agence QMI.Le projet de loi C-21 «vise à cibler les armes à feu de type AR-15 conçues pour les champs de bataille et qui n'ont pas leur place dans nos communautés. Ce sont les types d'armes à feu qui ont fait des victimes au Québec, en Nouvelle-Écosse et en Ontario», a-t-on ajouté, précisant que la législation «ne cible pas les armes à feu couramment utilisées pour la chasse».
Le cabinet du ministre demande également à la Coalition pour les armes à feu «de s’excuser» pour avoir créé le code promo «POLY» pour vendre de la marchandise sur son site web.
«Nous devons aux victimes et aux survivants d'avoir un débat responsable basé sur les faits, et non sur la peur, afin d'éliminer la violence armée une fois pour toutes.»
Écoutez l'entrevue de Benoit Dutrizac avec Nathalie Provost, survivante du massacre à Polytechnique et porte-parole de PolySeSouvient sur QUB radio: