Le nombre de départs volontaires au sein de l'appareil judiciaire est en forte hausse dans l'Est-du-Québec. On compte 34 départs volontaires en 2021-2022 comparativement à 15 l'année précédente.
«Faut comprendre que ces postes-là on les comble, mais le problème c'est que les employés ne restent pas», a lancé d'entrée de jeu Céline Bonneau, présidente du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SPFQ) pour l'Est-du-Québec.
Selon les chiffres compilés par le Syndicat, le nombre de départs volontaires a doublé et même triplé à certains endroits, lors de l'année financière 2021-2022, notamment en raison du manque de formation.
«Comme on manque de personnel, on envoie rapidement [les nouveaux employés] dans les salles de cour avec le juge, la magistrature, alors que ces gens-là ne sont pas prêts! [...] On me raconte qu'après un mois, deux mois, ces gens-là quittent», a raconté Mme Bonneau.
Mentionnons que 130 employés sont représentés par le SFPQ dans l'Est-du-Québec; les agents de bureau, les techniciens en droit, les agents de secrétariat, les adjointes à la magistrature et les greffiers audienciers.
Des ruptures de service à venir?
Jusqu'ici, les ruptures de service ont été évitées dans les palais de justice de l'Est-du-Québec, mais selon Mme Bonneau ce sont les employés en place qui sauvent la mise grâce à leur polyvalence.
«Il n'y a que trois greffiers-audienciers dans tout l'Est-du-Québec, alors c'est souvent l'agent de bureau ou encore le technicien en droit qui va remplacer le greffier. À long terme, ce n'est pas viable parce que la surcharge de travail combinée au manque de formation fait en sorte que les gens ne veulent pas rester», a expliqué Mme Bonneau.
«Et il y a de la grogne parce que même si les agents de bureau font le travail du greffier-audiencier, mais ils n'ont pas la prime qui vient avec», a ajouté Mme Bonneau, précisant que les greffiers-audienciers ont droit à une prime d’attraction et de rétention de 10 %.Le syndicat réclame des actions immédiates du gouvernement, notamment un meilleur plan de formation et une hausse des salaires, pour rendre ces professions plus attirantes.
«Un agent de bureau gagne 38 150 $ par année en commençant et au maximum de son échelle salariale il gagne 47 000$. Ce ne sont pas des salaires compétitifs! Des agents de bureau, il y en a ailleurs, alors ils quittent», a souligné Mme Bonneau.
Selon le ministère de la Justice, le nombre de départs volontaires a augmenté « pour différents motifs associés au contexte de plein emploi ». De plus, le ministère assure faire «un travail continu pour favoriser l'attraction et la rétention de son personnel».
«On sonne l'alarme depuis des années, mais j'ai l'impression que le gouvernement regarde passer la crise sans rien faire», a conclu Mme Bonneau.
Selon les données du ministère, en novembre, il y avait huit postes à combler dans l'Est-du-Québec.