La situation des techniciens ambulanciers paramédics de Québec se dégrade depuis quelques semaines en raison du fort achalandage dans les urgences et d’un trop grand volume d’appels.
C’est ce que dénonce le président de l’Association des travailleurs du préhospitalier–CSN: «on parle de records d’appels, on parle de records de paramédics surchargés», soutient Frédéric Maheux. «C’est du jamais vu! Ça ne s’est jamais produit à Québec.»
Lundi dernier, plus de 60 ambulanciers auraient été incapables de prendre leur période de repas durant leur quart de travail. Plusieurs appels, qui demandaient une intervention immédiate, auraient aussi été en attente durant de longues minutes. Une situation inacceptable pour M. Maheux.
«Quand on a une journée où on a entre 26 et 30 appels en attente de priorité un et priorité 3, qui sont des appels urgents, et que les gens attendent après une ambulance comme ça, c’est épouvantable!»
Il en va de la sécurité du public et des travailleurs, selon lui.
«On a des paramédics qui sont épuisés, qui sont fatigués et qui donnent leur possible pour faire ces appels-là. Si on continue comme ça, on n’y arrivera pas.»
Il déplore aussi que les ambulanciers doivent souvent attendre plusieurs heures avec les patients sur leur civière avant que les centres hospitaliers ne les prennent en charge. Une équipe aurait même dû attendre 12 heures au CHUL avant d’être libérée, dans la nuit de mardi à mercredi.
«Il manque d’équipes sur le terrain en ce moment parce que nos équipes sont pour la plupart en rétention dans les centres hospitaliers, pas parce que les partenaires dans les centres hospitaliers nous prennent en otage, mais eux-mêmes n’ont pas de place pour nos patients, alors on doit garder charge de nos patients [...] Nécessairement pendant ce temps-là on n’est pas sur la route pour répondre aux appels de la population», explique Antoine Goulet-Veilleux, qui est paramédic depuis 10 ans dans la région de la Capitale-Nationale.
Cette situation est extrêmement frustrante pour lui: «au lieu d’être utile au système dans lequel j’évolue, bien je suis coincé à faire absolument rien pour lui, à juste attendre, attendre puis attendre.»
Les techniciens ambulanciers paramédics de Québec craignent que le pire soit encore à venir.
«On l’appréhende énormément, on n’y arrive pas déjà. Avec la période des Fêtes, avec les partys qui s’en viennent, c’est sûr et certain qu’il va y avoir un bond au niveau des appels encore plus», souligne M. Maheux.
Ils réclament des solutions concrètes et immédiates de la part de leur employeur et du ministère de la Santé et des Services sociaux.
«Ça prend des paramédics sur la route. Déjà, il y a des ajouts qui se font à chaque jour, mais trop peu, trop tard. Il faut avoir des ajouts qui sont réguliers, très tôt le matin, pour essayer d’enlever la surcharge de travail.»
L’adoption d’un décret, comme dans la région de Montréal, qui permet dans certains cas bien précis de libérer un patient plus rapidement dans les hôpitaux, serait aussi vu d’un bon œil.
«Ça fait en sorte que les paramédics puissent, après un triage, laisser le patient au centre hospitalier et retourner sur la route.»
De son côté, le CIUSSS de la Capitale-Nationale assure qu’il «travaille activement avec ses partenaires [...] afin que des solutions pérennes soient mises en place pour améliorer les SPU (services préhospitaliers d'urgence)».
Il ajoute que «la directive quant à libération des patients à la salle d'urgence, selon certains critères, sera également mise à l'essai au cours des prochaines semaines».
Par ailleurs, un projet pilote visant à orienter les cas non urgents vers d’autres ressources que l’urgence et le transport en ambulance donnerait de bons résultats, selon le CIUSSS de la Capitale-Nationale.
-Avec les informations de Sébastien Dubois