La Fonderie Horne de Rouyn-Noranda pourra continuer d’émettre jusqu’à 100 ng/m3 d’arsenic dans l’air jusqu’à la fin de l’année, le resserrement attendu étant finalement remis à plus tard contrairement à ce qui avait été prévu.
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Mardi, en rendant public le résumé des commentaires et mémoires soumis lors des consultations sur le renouvellement de l’autorisation ministérielle, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a indiqué que le ministre prendra en considération ce «compte-rendu [...] ainsi que les avis des experts du gouvernement» pour l’autorisation qu’il doit délivrer.
Le gouvernement avait prévu que le tout serait réglé d’ici la fin de l’année en cours, mais la nouvelle autorisation ministérielle pour l’usine de cuivre de Rouyn ne viendra qu’après la période des Fêtes, a précisé le ministère. Elle doit comprendre un resserrement des cibles de concentration de métaux lourds émis dans l’air par l’entreprise.
La consultation, tenue plus tôt cette année, a permis à près de 1800 personnes de partout dans la province de donner leur avis par le biais d’un questionnaire en ligne. Le ministère a aussi reçu 178 mémoires, a-t-on appris mardi.
La majorité des participants à cette consultation, soit 57 % des répondants, croient que la cible de 15 ng/m3 d’arsenic proposée par le MELCCFP n’est pas suffisante, une proportion qui grimpe à 70 % dans le quartier Notre-Dame, le plus impacté par les activités de la fonderie.
Le délai de cinq ans que Québec souhaite imposer à Glencore – la maison mère de l’entreprise - est aussi jugé trop long: 61 % des répondants de la province se sont dits en désaccord avec ce délai, contre 76 % des résidents du quartier Notre-Dame.
Solutions intermédiaires
Plusieurs des organismes qui ont déposé un mémoire avancent d’ailleurs des solutions intermédiaires pour accélérer l’atteinte de la norme.
C’est notamment le cas du comité Arrêt des rejets et émissions toxiques (ARET) qui propose le prétraitement des concentrés complexes, c’est-à-dire riches en arsenic, d’ici à ce que les technologies proposées par la Fonderie Horne permettent l’atteinte de la norme québécoise de 3 ng/m3 qui est en vigueur – mais pour laquelle l'entreprise abitibienne a été historiquement exemptée.
Le retard dans le processus menant à une nouvelle autorisation du ministre de l’Environnement est de bon augure toutefois pour des défenseurs de la qualité de l’air à Rouyn-Noranda.
«En voyant qu’il y a un retard sur la signature de l’entente, on s’imagine qu’il va y avoir des contraintes supplémentaires demandées à la fonderie, espère la porte-parole du comité ARET, Nicole Desgagnés. Pour nous, il semble que ce qui est proposé n’est tellement pas acceptable, qu’il y a des devoirs qui se sont refaits et que ça prend un certain temps. Le retard nous apparaît comme bon signe, comme si on était en train de resserrer et de mettre des échéanciers plus serrés pour atteindre les normes.»
La Fonderie Horne, qui a émis en moyenne 84 ng/m3 d’arsenic dans l’air en 2022, a dit avoir pris acte de la publication du compte-rendu de la consultation publique.
L’entreprise a ajouté qu’elle ne veut pas «faire de commentaires pour l’instant», mentionnant vouloir «d’abord prendre le temps de le lire».
La mairesse de Rouyn-Noranda n’était pour sa part pas disponible mardi pour commenter.