Alors qu’ils tapent du pied en public, «en privé», les ministres provinciaux de la Santé sont sur la même longueur d’onde que leur homologue fédéral Jean-Yves Duclos en ce qui a trait aux «résultats» exigés par Ottawa en retour des importantes sommes d’argent réclamées à l’unanimité par les provinces.
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«La bonne nouvelle, c’est qu’en privé, tous les ministres de la Santé s’entendent sur ce qu’on doit faire ensemble, mais en public, on n’a pas encore l’autorisation des premiers ministres des provinces pour en parler et pour focaliser sur ces résultats», a affirmé le ministre fédéral de la Santé en marge d’un point de presse sur la COVID-19 mercredi.
Lors de leur réunion à Vancouver le mois dernier, les ministres de la Santé étaient à un fil de signer l’entente, mais «ont reçu un appel de leurs patrons pour se faire dire de ne pas parler, ne pas arriver à une entente finale et de ne pas en parler en public», a avancé M. Duclos.
Ce dernier a cependant affirmé que les paliers du gouvernement sont toujours «près» d’une entente. Il suffirait, selon lui, que les provinces acceptent de collaborer sur certains critères avec Ottawa dans l’élaboration de politiques communes, notamment sur le partage de données.
Le premier ministre François Legault ne l’entend pas de cette manière. Ouvrir les livres à Ottawa au niveau des données reviendrait à laisser le fédéral piétiner un terrain jalousement gardé par Québec.
«Il va y avoir risque d'autres empiètements du gouvernement fédéral dans des champs de compétence des provinces. Donc, c'est vraiment un problème de fond et c'est unanime», a lancé M. Legault en mêlée de presse mercredi.
Le ministre Duclos a lancé des fleurs à Christian Dubé, ministre québécois de la Santé, pour son initiative de «tableau de bord» qui permettrait de connaître en temps réel des chiffres cruciaux concernant le système de santé.
«Laissez-moi vous dire quelque chose. Le plan de M. Dubé en matière de données en santé est excellent. C’est exactement ce genre de plan qu’on a envie d’appuyer, non seulement à l’échelle du Québec, mais aussi ailleurs au Canada. Il y a des provinces qui ont aussi d’autres plans qui sont très bons en matière de données en santé», a déclaré Jean-Yves Duclos.
Si un tel projet finit par voir le jour et devient public, le fédéral y aurait certainement accès. Qu’est-ce qui retient donc le fédéral avant de répondre aux demandes de Québec?
«Voyez à quel point on pourrait s’entendre rapidement si les premiers ministres nous donnaient la permission aux ministres de la Santé de convenir de ce genre de résultat ensemble», a répondu M. Duclos.
«Nous obliger à ne pas parler de résultats, mais à focaliser entièrement sur les dollars, ce n’est malheureusement pas un plan en santé.»
C’est donc l’impasse dans ce dossier qui traîne depuis maintenant deux ans.
C’est un des thèmes qu’aborderont François Legault et Justin Trudeau lors d’un face à face hautement attendu vendredi. M. Legault aura la chance de dénoncer le «fédéralisme très centralisateur» de son homologue.