Le gouvernement Legault propose une hausse salariale de 9% sur cinq ans aux 600 000 employés des secteurs public et parapublic. Prétextant que «l’organisation du travail» est la priorité de ces négociations, il leur demande de faire preuve de «flexibilité».
C’est ce qu’a annoncé la présidente du Conseil du trésor, Sonia Lebel, jeudi matin, en compagnie du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, et du ministre de la Santé, Christian Dubé.
Les hausses salariales pour les employés des réseaux de la santé et de l’éducation seraient de 9% sur cinq ans.
À cela s’ajoute un montant forfaitaire de 1000$ la première année, et une augmentation de 2,5% sur cinq ans pour les «priorités gouvernementales», soit le soutien dans les classes et dans les équipes de soin.
Ainsi, certains employés des secteurs public et parapublic auraient à terme une hausse salariale de 13%.
Avec cette proposition, Sonia Lebel dit vouloir assurer des conditions «avantageuses, justes et équitables», tout en tenant compte de «la saine gestion des fonds publics».
Une augmentation salariale d’un point de pourcentage représente pour le gouvernement une dépense de 600 millions $. En 2022-2023, la rémunération globale des employés du secteur public représentait environ 60 milliards $.
Christian Dubé et Bernard Drainville ont chacun livré un plaidoyer sur la nécessité de trouver des «solutions concrètes» pour «répondre aux besoins» de la population, mettant tous les deux de l’avant l’importance d’être «innovant» et «créatif».
Ils ont fait valoir que l’organisation du travail, plutôt que des considérations salariales, sera l’enjeu central des négociations.
Le gouvernement mettra d’ailleurs en place trois «forums constructifs et concrets» qui serviront à trouver des solutions appropriées aux problèmes qui rongent les réseaux de la santé et de l’éducation.

Insuffisant, disent les syndicats
Les syndicats ne se sont pas montrés particulièrement emballés par l’offre du gouvernement Legault. Quelques minutes après le dépôt de la proposition, le Front commun regroupant la CSN, la CSQ, la FTQ et l’APTS l’a balayé du revers de la main.
Le Front commun intersyndical demandait une hausse salariale de 7% par année sur trois ans, en plus d’une compensation salariale équivalente à l’inflation.
Les représentants syndicaux estiment que l’offre gouvernementale «ne protège pas le pouvoir d’achat» de leurs membres, dans un contexte de hausse du coût de la vie. Sonia Lebel, elle, soutient que son offre se colle aux projections de l’inflation pour les prochaines années.
La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) juge pour sa part qu’une hausse salariale de 9% sur cinq ans est «inacceptable».
«C’est de l’appauvrissement», a soufflé Julie Bouchard, présidente de la FIQ, en ajoutant que l’offre gouvernementale ne contient «aucune lueur d’espoir» ni «rien de concret» pour éliminer le temps supplémentaire obligatoire (TSO).
À titre de comparaison, les hausses salariales ont été en moyenne de 10,2% sur trois ans lors de la précédente ronde de négociations. Le gouvernement avait alors proposé des «augmentations différenciées», et les enseignants, les infirmières et les préposés aux bénéficiaires avaient vu leur salaire croitre davantage que les autres employés de l’État.