François Legault est sorti de sa rencontre avec Justin Trudeau plus confiant que jamais d’en arriver à une entente pour rehausser le financement fédéral en santé. En matière d’infrastructures, Québec et Ottawa se sont entendus pour assumer leurs parts respectives des dépassements de coûts de projets tels que le tramway de Québec, la ligne bleue à Montréal et la voie de contournement à Lac-Mégantic.

Rappelons que les provinces demandent depuis plusieurs années qu’Ottawa augmente de 22 à 35 % sa contribution au financement de leur système de santé. 

Après deux ans de pressions intenses, le temps est venu pour une rencontre entre le premier ministre Trudeau et ses homologues provinciaux, considère M. Legault. 

«J’ai senti vraiment une volonté d’avancer sur ce dossier-là», a souligné le premier ministre du Québec, lors d’une mêlée de presse au terme d’un premier tête-à-tête officiel – d’environ une heure – avec son homologue fédéral depuis l’élection du 3 octobre. 

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«J’avoue que je suis plus confiant aujourd’hui que je l’étais avant la rencontre, sur la possibilité qu’on ait une rencontre des premiers ministres des provinces et territoires avec M. Trudeau et qu’on arrive à une entente [...] pour que le fédéral augmente le financement à long terme des soins de santé dans les différentes provinces», a relaté M. Legault. 

Le chef caquiste a indiqué que son gouvernement n’a «aucun problème» à partager des «données qui sont déjà publiques» avec Ottawa concernant le réseau de santé québécois. Il préfère ce «compromis» à toute autre condition que le gouvernement Trudeau voudrait imposer en échange d’un financement plus généreux. 

Du côté du cabinet Trudeau, on en fait plus «une question de transparence», plutôt qu’une condition. 

Chemin Roxham

Les deux premiers ministres ont aussi discuté du chemin Roxham, où 98 % des entrées irrégulières au Canada sont observées. 

Des pourparlers seraient notamment en cours avec les provinces de l’Atlantique et l’Ontario pour qu’ils accueillent une part de ce flux migratoire. 

«J’ai senti une ouverture pour qu’une partie de ces arrivants soit transférée dans d’autres provinces, parce qu’il y a une certaine urgence d’agir», a signalé M. Legault. 

«On a quand même un bon pourcentage de ces personnes qui arrivent par Roxham qui ne sont pas vraiment des réfugiés politiques au sens de la loi, c’est-à-dire que leur vie n’est pas en danger dans leur pays», a-t-il rappelé

«Les personnes qui ne sont pas des réfugiés politiques, on pourrait les retourner chez eux. Ça enlèverait de la pression sur les services puis sur la francisation», a-t-il souligné. 

Le chef caquiste a insisté pour qu’Ottawa réduise les délais de traitement des demandes d’asile. «Ça prend deux ans avant que l’évaluation soit complétée. Moi, j’aimerais mieux qu’on vise deux mois que deux ans», a dit M. Legault. 

Dans l’entourage de M. Trudeau, si l’on reconnait deux ans, «c’est inacceptable», «deux mois, c’est trop court», a-t-on indiqué au Journal. 

Infrastructures

En matière d’infrastructure, vu le contexte actuel d’inflation, MM. Legault et Trudeau se sont engagés à assumer leurs parts respectives des hausses de coûts de construction observées avec différents projets dont leurs gouvernements sont partenaires. 

«Je pense entre autres au tramway de Québec, à la ligne bleue à Montréal puis à la construction de la voie de contournement ferroviaire à Lac-Mégantic», a énuméré M. Legault, sans toutefois chiffrer l’ampleur des surcoûts pour ces trois projets. 

«On s’est entendu pour que les dépassements de coûts soient assumés par les deux gouvernements dans la même proportion qui était convenue dans les estimations préliminaires», a dit M. Legault. 

À titre d’exemple, dans le cas du tramway, le financement fédéral couvrait 40 % des coûts du projet évalué à l’origine à 3,365 milliards $. Aux dernières nouvelles, la facture du projet avoisinait les 4 milliards $. La mise à jour des coûts attendue d’ici la fin décembre a été reportée par la Ville de Québec à la fin mars. 

Autour d’un café

MM. Trudeau et Legault se sont d’abord rejoints dans un café du Vieux- Montréal, où ils ont échangé brièvement, devant les caméras, avec quelques clients qui se trouvaient sur place. 

Pendant la prise d’images, ils ont précisé d’entrée de jeu les points à l’ordre du jour de leur rencontre, qui s’est déroulée dans une salle de conférence située dans l’hôtel adjacent au café. 

Sans surprise, les enjeux de la protection de la langue française, des infrastructures, des soins de santé et de l’environnement étaient en tête de liste. 

M. Legault en a profité pour souligner le succès de la COP15 pour protéger la nature qui s’est terminé à Montréal. Il a notamment demandé à Ottawa de voir à ce que le Québec obtienne une représentation permanente du Québec dans la délégation du Canada en vue des futurs sommets. 

Cette rencontre avait d’abord été planifiée vendredi dernier, mais l’entourage de Justin Trudeau a préféré la reporter en raison des conditions hivernales qui risquaient de compliquer son déplacement par avion entre Ottawa et Montréal. 

- Avec la collaboration de La Presse Canadienne