Des infirmières ont tenu un sit-in pour protester contre des conditions de travail qu’elles qualifient d’exécrables mardi soir à l’urgence de l’hôpital de Chicoutimi.
Pour une rare fois, trois d’entre elles ont accepté de dénoncer publiquement, à condition qu’elles ne puissent pas être reconnues parce qu’elles craignent les représailles de leur employeur.
Ces professionnelles en soins sont épuisées, mais demander des congés n’est pas une option.
« On est supposé avoir droit à cinq jours de congé pendant les Fêtes, mais quand on les prend, on nous dit qu’on va devoir fermer des lits, a expliqué l’une d’entre elles. Ce n’est pas correct de nous faire sentir coupable, surtout qu’on y a droit à nos congés. »
Elles sont toujours aussi passionnées, mais elles ne se sentent pas valorisées.
« À l’intérieur de l’équipe, on sent qu’il y a de la fatigue extrême, de la colère et de la frustration et ça, ça peut devenir dangereux », a-t-elle ajouté.
Les infirmières aimeraient pouvoir en faire plus pour les patients, notamment pour les personnes âgées.
« J’ai déjà vu une personne de 90 ans rester plus de 100 heures sur une civière d’urgence, a soutenu une autre. Ça n’a pas de sens. »
Elles ont suggéré des solutions à l’employeur, mais tout est toujours à recommencer selon elles.
« Nous on donne notre 100 pour cent, mais la qualité des soins, elle n’est pas à 100 pour cent en raison du manque de temps, a déploré une troisième professionnelle en soins. »
Depuis fin novembre, 93 quarts de travail ont été effectués en temps supplémentaire obligatoire par les équipes de l’urgence.
Les autorités régionales de la santé ont accepté de devancer la réouverture de lits temporairement fermés sur les étages pendant la période des Fêtes dans le but précis d’alléger la charge de travail à l’urgence.
Elles affirment être conscientes que la situation demeure sous tension dans l’ensemble des urgences de la région.
Le taux d’occupation de celle de Jonquière a atteint 160 % mercredi midi.
« Les patients doivent monter sur les étages, mais pour ça, ça prend des lits, ça prend du personnel, a mentionné la présidente régionale de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, Julie Boivin. Est-ce qu’il faut diminuer le nombre de chirurgies pour essayer de dégager de l’espace ? Des décisions devront se prendre parce que des chirurgies, ça implique des hospitalisations et on ne peut continuer à faire rouler l’urgence comme ça sans risque pour nos professionnelles et les patients. Moi j’appelle ça un suicide professionnel quand on nous oblige à travailler dans des conditions qui ne permettent pas de donner des soins de façon sécuritaire. »