Un cyberprédateur qui s’était fait coincer par une journaliste se faisant passer pour une ado de 14 ans devra passer les 16 prochains mois en prison, a tranché une juge en rappelant que même s’il n’y a pas eu de «victime réelle», il fallait dissuader tous ceux qui seraient tentés de leurrer des mineurs en ligne.
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«Il devra aussi s’inscrire au registre des délinquants sexuels durant une période de 20 ans», a ordonné la juge Josée Bélanger en condamnant Rémi Richard, ce vendredi, au palais de justice de Montréal.
La tête basse, le cyberprédateur a ainsi pris le chemin de la prison pour son crime commis en novembre 2017.
À l’époque, Richard, 56 ans, s’était créé un compte sur l’application Periscope. Il s’était mis à clavarder avec une personne qui se présentait comme une adolescente de 14 ans. Rapidement, la discussion est devenue sexuelle devant webcam.
«On y voit un homme adulte qui se masturbe et qui parle», a indiqué la juge, rappelant qu’il y a eu deux conversations de près de 10 minutes et d’une heure.
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Après J.E, la police
Richard s’est ensuite déplacé dans un stationnement, croyant rencontrer l’adolescente, sauf qu’il est tombé sur une équipe de l’émission J.E.
«Après un bref échange avec le journaliste, le véhicule [de Richard] démarre et quitte le stationnement, peut-on lire dans le jugement. Une heure après cette rencontre, le compte et les vidéos sur Périscope de cet homme ont disparu.»

PHOTO Michaël Nguyen
Le cyberprédateur Rémi Richard, coupable d’avoir leurré une ado de 14 ans qui était en fait une journaliste de J.E, lors de son arrivée au palais de justice de Montréal ce vendredi.
Sauf que la police n’a pas manqué de regarder l’émission. Cela a permis l’identification formelle de Richard, un Montréalais qui travaillait comme opérateur de camion-citerne. Il a plaidé coupable de leurre et d’avoir transmis du matériel sexuellement explicite à une personne qu’il croyait mineure. Lors d’une rencontre avec des thérapeutes, il a nié toute attirance sexuelle sur des adolescentes.
«Il est possible que les passages à l’acte aient été motivés par une recherche immédiate et facile de gratification sexuelle auprès d’une victime perçue comme vulnérable et consentante», indique un rapport.
Conséquences
Pour Me Tom Pentefountas de la défense, les crimes méritaient un an d’incarcération. Me Charles Doucet de la Couronne réclamait pour sa part 20 mois. La juge a finalement tranché la poire en deux, en rappelant que même si la victime n’était pas «réelle», «le leurre d’enfants ne devrait jamais être considéré comme un crime sans victime».
En plus des 16 mois de prison et d’une inscription au registre des délinquants sexuels, Richard s’est aussi vu imposer une probation de 2 ans, pendant laquelle il sera coupé des réseaux sociaux et des forums de discussions en ligne.
Pour les 10 prochaines années, ses contacts avec les enfants seront également restreints, entre autres par une interdiction de se trouver dans des parcs ou des piscines.