Garder le statut de ville bilingue dans les municipalités où le pourcentage de résidents anglophones est minoritaire contribue à la défrancisation au Québec, selon Mathieu Bock-Côté.
«Si pour communiqué avec l’État, tu es obligé de communiquer en français, tu as plus de chances de te franciser. Si même quand tu rencontres les institutions publiques, le français est optionnel, il le sera pour le restant de ton existence, il n’y a pas de doute là-dessus», dit-il.
Il ajoute que le gouvernement qui souhaite protéger le français doit révoquer ces statuts pour lancer un message clair aux Québécois.
«Ce n’est pas enlevé des droits que de faire en sorte que la langue française soit la langue commune. Si tu es un nouvel arrivant et là tu as le choix entre l’anglais et le français, quel est le message que la ville t’envoie? Que tu as le choix entre les deux langues! Le citoyen peut quand même aller à la municipalité pour recevoir les communications en anglais, mais ce n’est pas à l’État de prendre les devants pour angliciser [la population]», explique Mathieu Bock-Côté.
Elsie Lefebvre explique d’ailleurs que lorsqu’elle a été élue dans l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, plusieurs anglophones souhaitaient obtenir ce statut.
«Souvent, il y a des gens qui demandaient que l’on ait ce statut-là parce que cela aurait permis à l’administration de communiquer directement dans les deux langues. Alors que, lorsque nous n’avons pas le statut bilingue, tous les citoyens peuvent quand même se rendre à la municipalité et recevoir les documents en anglais, mais il n’a pas d’office de communications dans les deux langues. Ça fait une grande différence parce qu'une ville comme Otterburn Park, il y a 80% de la population qui est francophone et qui reçoit les documents dans les deux langues», mentionne-t-elle.
Gaétan Barrette croit au contraire que le statut de ville bilingue n’est pas un facteur qui favorise le déclin du français puisque les chiffres démontrent justement un faible taux de la population qui utilise l’anglais comme langue principale.
«Est-ce que les villes bilingues sont un instrument qui fait croître la population anglophone au Québec? La réponse est non! J’habite l’une des villes qui est dans le tableau (les villes qui pourraient perdre leur statut de ville bilingue) et cette ville est immensément plus francophone aujourd’hui qu’il y a 30 ans», soutient-il.