Régine Laurent a profité de la présence du ministre de l’Éducation Bernard Drainville pour lui lire une lettre spécialement écrite à son attention.
Dans celle-ci, elle aborde quelques priorités présentées par le ministre.
Elle se dit déçue de voir que la langue française est devenue une priorité.
«Avouez que vivant sur le territoire du Québec, nation francophone, c’est un bien triste constat. Parce que maîtriser une langue, ici le français, c’est toute la capacité de pouvoir formuler adéquatement sa pensée», dit-elle.
Elle souligne aussi que la pénurie de main-d’œuvre semble préoccuper le ministre.
Même si elle souligne que les mesures pour attirer de nouveaux enseignants sont nécessaires, elle croit qu’il est tout aussi important de retenir ceux qui s’y trouvent déjà.
«Je vous soumets qu’il faudrait aussi penser à réfléchir à mettre des mesures pour garder les profs qui sont déjà dans nos classes», lance-t-elle au ministre.
Elle se permet aussi de souligner une priorité qui ne semble pas avoir été ciblée par le ministre.
«Je me permets respectueusement d’y ajouter une autre priorité : celle de travailler main dans la main avec tous les acteurs pour combattre la violence et l’intimidation dans nos écoles. Pour que nos enfants apprennent à régler leurs différends par la parole, les arguments, et de moins en moins avec des poings et des armes», a-t-elle ajouté.
Elle conclut en affirmant qu’elle suivra attentivement les progrès du ministre.
«Bien sûr nous devrons attendre la mise en œuvre de ces 7 priorités avant de vous noter», indique-t-elle.
Lisez la lettre complète de Régine Laurent :
Lettre au ministre de l’Éducation du Québec
L’éducation, l’école. Cette mission essentielle de l’État a trop longtemps manqué d’amour. Mission essentielle puisque l’école est le lieu où nous confions nos enfants avec l’attente, l’espoir que nos enfants vont acquérir des connaissances de plus en plus poussées plus ils avanceront en âge. À l’école, où ils vont aussi poursuivre leur processus de socialisation, où ils vont apprendre à structurer leur pensée, à développer un esprit critique. L’école, ce puissant ascenseur social.
Monsieur le ministre, vous nous avez présenté aujourd’hui votre Plan de match, sept priorités. J’en mets quelques-unes en lumière :
1- La première : revaloriser l’enseignement du français. Une meilleure maîtrise du français.
Je vous fais part de ma surprise et un peu de ma déception devant cette priorité. Non pas que je désapprouve, bien au contraire. Mais, avouez que vivant sur le territoire du Québec, nation francophone, c’est un bien triste constat. Parce que maîtriser une langue, le français, c’est toute la capacité de pouvoir formuler adéquatement sa pensée, c’est pouvoir argumenter, c’est être capable de participer aux débats de société, aux débats publics. Revaloriser le français est donc incontournable. Et j’y ajoute développer l’amour et la fierté de la langue française, parce que comme dit le dicton : on prend soin de ce qu’on aime.
2- Autre priorité : rétablir la voie plus rapide vers le brevet d’enseignement. Bonne orientation pour parer à la pénurie de main-d’œuvre. Je vous soumets qu’il faudrait aussi penser à réfléchir à mettre des mesures pour garder les profs qui sont déjà dans nos classes. Donc travailler à les retenir.
3- Vous souhaitez aussi soutenir les professeurs dans les classes par l’ajout d’un autre adulte dans la classe. Par exemple, des éducatrices en services de garde. C’est une mesure intéressante, mais il faut que ce soit en attendant qu’il y ait plus d’autres professionnelles, par exemple des techniciennes en éducations spécialisées. Je présume que vous allez aussi regarder le problème du nombre trop élevé d’élèves à besoins particuliers dans les classes.
4- Une autre de vos priorités est d’investir dans la formation professionnelle. Vous avez un objectif ambitieux, soit d’en former 30 000 de plus. Je comprends que cela aiderait grandement à la pénurie de main-d’œuvre dans bien des métiers, et tant mieux. Mais au-delà du nombre, il nous faut toutes et tous comme société mieux respecter, mieux valoriser les élèves qui suivent un parcours de formation professionnelle. Chacune et chacun de ses élèves est tout aussi essentiel au bien-être de notre société.
5- J’avoue qu’en vous entendant énoncer la prochaine priorité, j’ai eu un petit rire jaune. C’est seulement maintenant qu’on va enfin avoir un outil pour pouvoir colliger les informations, pour prendre les décisionsà partir de données provenant tant des écoles que des centres de services scolaires.
En conclusion, merci, monsieur le ministre, de ne pas nous avoir annoncé de grandes réformes. Je ne vous aurais pas suivi.
Merci d’être resté sur des priorités claires.
Vous allez aussi poursuivre la rénovation, la construction d’écoles; il le faut. Il le faut parce que l’école est comme la deuxième maison de nos enfants.
Bien sûr nous devrons attendre la mise en œuvre de ces 7 priorités avant de vous noter.
Probablement qu’il y aura d’autres priorités à venir parce que l’éducation est un vaste chantier.
Et, parce que l’éducation prépare les citoyennes et citoyens de demain, les leaders de demain, je me permets respectueusement d’y ajouter une autre priorité : celle de travailler main dans la main avec tous les acteurs pour combattre la violence, l’intimidation dans nos écoles. Pour que nos enfants apprennent à régler leurs différends par la parole, les arguments, et de moins en moins avec des poings et des armes.
Monsieur le ministre, on se connait un peu en plus de s’être côtoyé à La Joute, alors je me permets une petite familiarité. Bernard, Bernard, je te souhaite de réussir dans ta mission et ce ne sera pas une réussite personnelle, mais bien un succès pour les enfants, les parents, les profs, nous tous.
Le Québec mérite un réseau de l’éducation qui nivelle vers le haut !