L’ex-député du Parti Québecois Harold LeBel a été condamné à une peine de 8 mois pour une agression sexuelle survenue en 2017.
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Reconnu coupable par un jury en novembre, celui qui a représenté les électeurs de Rimouski de 2014 à 2022 a vu le juge Serge Francoeur entériner la suggestion commune de la couronne et de la défense jeudi matin.
L’ex-député péquiste Harold LeBel écope d’une peine d’emprisonnement de huit mois pour agression sexuelle.
«Je garde continuellement en mémoire depuis que j’agis dans cette affaire le tourbillon dans lequel vous avez plongé la victime. Cette jeune femme, malgré une grande force mentale, a vu son monde s’effondrer, trahie par un ami, un mentor en qui elle avait confiance», a déclaré le juge Francoeur au moment du prononcé de la sentence.
En plus de sa peine de détention, LeBel sera inscrit au registre des délinquants sexuels pour une période de 20 ans, sera sous le coup d’une probation pour deux ans et d’une interdiction d’entrer en contact avec la victime.
Le procès qui s’est déroulé sur un peu plus de deux semaines s’était joué sur la crédibilité accordée par le jury à la victime et à LeBel, qui ont été les deux seuls témoins appelés à la barre.
«Je me sens forte»
Dans une déclaration lue par la procureure de la Couronne, Me Manon Gaudreault, la victime a confié que la fin du processus judiciaire ne pouvait ni enlever la peine ni enlever une certaine empathie qu’elle ressent pour «celui qui devra répondre de ces gestes qui ne le définissent pas».
«Maintenant que les procédures se terminent, que je reprends du mieux [...] je me sens forte, forte de m’être levée et de m’être tenue debout», a raconté la jeune femme.
Harold LeBel s’est aussi adressé au juge Francoeur, parlant de «conséquences terribles» sur sa vie, mais de conséquences qu’il allait affronter et assumer.
«Je n’ai pas de plaintes à faire ici, j’ai juste des réflexions et je comprends que je vais avoir du temps pour les faire», a laissé tomber LeBel, qui est apparu fatigué par le poids de tout ce processus qui dure depuis plusieurs mois.
«J’espère pouvoir passer à autre chose éventuellement. [...] Le plus dur, c’est d’être vu comme quelqu’un que je ne suis pas», a évoqué le politicien, ajoutant ne pas vouloir «devenir un trophée».
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«Nuit d’enfer»
La plaignante avait relaté aux jurés lors du procès ce qu’elle a qualifié de «nuit d’enfer».
LeBel, qu’elle considérait comme un ami, l’hébergeait dans son condo alors qu’elle était de passage à Rimouski pour le travail. Une troisième personne, une amie des deux impliqués, était aussi présente, mais dormait dans une chambre au moment des faits.
Après une discussion dans la cuisine où Harold LeBel l’a embrassé et un rapprochement dans un corridor où il a défait son soutien-gorge, la jeune femme s’est réfugiée dans la salle de bain et a raconté que le député avait passé un long moment devant la porte.
Couchée dans un lit escamotable au salon, elle a été rejointe par Harold LeBel qui lui demandait de se coucher avec elle, ce qu’elle a accepté pour «acheter la paix». C’est à ce moment que l’élu a commencé à la toucher, la flatter, avant d’insérer un doigt dans son anus.
«C’était absolument interminable. [...] Je me disais qu’il allait arrêter, qu’il allait s’endormir, mais ça continuait», avait-elle témoigné devant le jury.
Pas d’appel
Harold LeBel a toujours nié l’agression, admettant que la victime et lui s’étaient embrassés et avaient dormi dans le même lit, mais sans plus.
«Je n’ai jamais fait ça», a-t-il déclaré durant le procès.
Des échanges courriels où le député écrivait à la femme être «désolé pour tout ça» ont toutefois visiblement semé le doute dans l’esprit du jury, qui l’a déclaré coupable.
Harold LeBel avait annoncé juste avant Noël ne pas avoir l’intention de porter la décision en appel. Son avocat avait indiqué que malgré une vive déception, «le juge Serge Francoeur a mené ce procès d’une manière irréprochable».