Les investissements pour développer la filière hydrogène se font attendre et, même si l'Institut de recherche sur l'hydrogène de l'UQTR est au travail depuis près de 30 ans, Québec serait en train de manquer le bateau, selon des experts.
«C'est une question maintenant de semestres», a expliqué le chargé d'enseignement en marché, diplomatie et géopolitique de l'hydrogène à Sciences Po Paris, Mikaa Mered. Près de 80 % des pays ont déjà une stratégie, ou un plan pour développer la filière hydrogène, selon le codirecteur de l'Institut de recherche sur l'hydrogène de l'UQTR, Bruno G. Pollet.
Plus de 250 chercheurs se sont réunis à Trois-Rivières jeudi pour discuter de projets qui utilisent l'hydrogène vert. Sous forme de panels, les projets présentés vont de la production à la distribution.
Un des joueurs dans le domaine: Harnois Énergie, qui possède déjà une station à hydrogène à Québec depuis 2019. «La demande au niveau de l'industrie du transport est grandissante et l'appétit est grand pour avoir une source d'énergie autre que le diesel pour le transport lourd», a fait remarquer la chargée de projets senior chez Harnois Énergie, Catherine Gosselin.
L'UQTR a aussi développé sa propre borne d'hydrogène sur le campus. Mais pour en construire d'autres et les implanter sur le réseau routier du Québec, les investissements nécessaires sont majeurs.
Il serait même question de dizaines de milliards de dollars, fait voir M. Mered. Jusqu'à présent, le Québec tire de la patte en matière d'investissement dans la filière.
«En Chine, c'est aujourd'hui près de 50 milliards $ qui ont été mis sur la table pour soutenir cette activité sur les cinq prochaines années. En Afrique du Sud, c'est 18 milliards $, en France c'est 10 milliards, en Allemagne c'est 12», a-t-il ajouté.
Pourtant, de plus en plus d'entreprises et même de villes s'intéressent à l'hydrogène vert. C'est le cas entre autres de Shawinigan, qui attend de recevoir la nomination de la Vallée de la transition énergétique.
«On a tous les ingrédients qu'il faut présentement, ici en Mauricie et au début du Centre-du-Québec, pour être un joueur majeur dans le monde l'hydrogène», a répondu le maire Michel Angers.
Toutefois, les experts se font bien clairs. Sans subventions ou investissements majeurs, le Québec pourrait bien rater le train pour devenir un leader dans la filière hydrogène.