Les nouveaux locataires qui s’apprêtent à signer un bail pourraient payer leur loyer plus cher cette année, craint le FRAPRU.
• À lire aussi: Ajustement de prix des loyers: «une hausse raisonnable», selon la CORPIQ
• À lire aussi: L’augmentation de loyer conforme aux attentes de la majorité des locataires
• À lire aussi: Prix des maisons: ça flambe toujours partout au Québec
«Au Québec, on parle d’une hausse du loyer moyen de 13% quand il s’agit d’un logement nouvellement occupé», précise Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.
Cette hausse est notamment liée au taux d’inoccupation des logements locatifs du Québec qui a chuté à 1,7% en 2022, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logements (SCHL).
Il s’agit d’une baisse significative par rapport au niveau de 2021, qui s’établissait à 2,5%.
Déjà, en 2021, ce taux se trouvait sous le seuil d’équilibre fixé à 3%.
«C’est vraiment la maladie du marché de l’habitation, ce manque d’offre», Francis Cortellino, économiste à la SCHL.
- Écoutez la chronique économique avec Yves Daoust, directeur de la section Argent du journal de Montréal et du Journal de Québec au micro de Richard Martineau sur QUB radio :
Un marché pris en étau
Plusieurs phénomènes expliquent cette pénurie de logements, dont l’immigration et les taux hypothécaires élevés, selon M. Cortelinno.
«Lorsque les étudiants étrangers et les travailleurs temporaires de l’étranger, dont on a besoin pour la pénurie de main-d’œuvre, arrivent au Québec, la très grande majorité d’entre eux va louer un logement à son arrivée », explique-t-il.
La migration de plusieurs Montréalais vers les régions durant la pandémie explique aussi que le taux d’inoccupation moyen des petites agglomérations québécoises est aussi bas que 1%, selon M. Cortellino.
Si l’arrivée de nombreux locataires crée une première pression sur le marché locatif, celui-ci est mis en étau par le fait que de moins en moins de gens quittent leur logement.
Les jeunes, dissuadés par des taux hypothécaires élevés, achètent une maison plus tard et restent plus longtemps dans le marché locatif, ce qui crée un engorgement, selon M. Cortellino.
«Ça entraîne des problèmes d’accessibilité pour plusieurs ménages locataires», dit-il.
Des remèdes évasifs
D’après l’économiste de la SCHL, «il faudrait doubler le rythme de production [de nouveaux logements] au cours des prochaines années pour revenir à un marché abordable».
Or, le rythme de construction actuel est déjà beaucoup plus élevé qu’autrefois, signale M. Cortellino.
En 2022, 22 000 nouveaux logements locatifs ont été construits, alors qu’il y a dix ans, ce nombre se situait à 1800.
Pour le FRAPRU, plus d’outils pourraient être donnés aux locataires pour contrôler les prix courants.
Selon l’organisme de défense des locataires, la situation actuelle «démontre l’urgence d’instaurer un registre des loyers pour permettre aux nouveaux locataires d’avoir l’information sur le prix payé par les anciens».
Le FRAPRU déplore que le fardeau de contenir la hausse des prix repose actuellement sur les locataires.
Pour Francis Cortellino, l’ampleur du défi signifie que toutes les parties concernées doivent travailler ensemble pour trouver des solutions.
«C’est un très grand défi, tout le monde doit pousser dans la même direction », dit-il.