La ville américaine de Memphis se préparait vendredi à des manifestations en réaction à la publication, attendue à la fin de la journée, d'une vidéo «épouvantable» montrant le passage à tabac fatal d'un Afro-Américain par cinq policiers noirs.
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Signe que l'affaire est potentiellement explosive, le président Joe Biden a appelé à ce que les rassemblements soient «pacifiques», et les plus hauts responsables ont condamné ce drame dans les termes les plus forts.
Car la mort de Tyre Nichols rappelle celle de l'Afro-Américain George Floyd, tué par un policier en mai 2020. Des manifestations contre le racisme et les violences policières avaient alors embrasé le pays, fédérées autour du slogan «Black Lives Matter» (Les vies noires comptent).
«Quand mon mari et moi sommes arrivés à l'hôpital et que j'ai vu mon fils, il était déjà mort. Ils l'avaient réduit en bouillie. Il avait des bleus partout, sa tête était enflée comme une pastèque», a raconté en larmes RowVaughn Wells, la mère de Tyre Nichols, dans une interview diffusée vendredi par la chaîne CNN.

crédit: famille de Tyre Nichols
Elle a précisé devant la presse ne pas avoir vu les images du passage à tabac, ajoutant qu'on lui avait dit qu'elles étaient «vraiment horribles».
La cheffe de la police de Memphis, Cerelyn Davis, a prévenu que la vidéo montrant l'interpellation de cet homme pour une simple infraction au Code de la route était «comparable, voire pire» à celle montrant l'arrestation policière violente de Rodney King en 1991. L'acquittement, un an plus tard, des quatre policiers impliqués, déclencha des émeutes sans précédent à Los Angeles.
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«Maman. Maman!»
L'un des avocats de la famille, Ben Crump, a donné vendredi quelques détails.
Dans la vidéo, Tyre Nichols «appelle trois fois sa mère. Ses derniers mots sur cette terre sont "Maman. Maman. Maman!"», a-t-il lancé aux côtés de RowVaughn Wells, qui a baissé la tête sous le coup de l'émotion.
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La cheffe de la police de Memphis a indiqué que la vidéo allait être diffusée «via un lien YouTube pour qu'elle soit accessible à tous» en fin d'après-midi.
Les cinq agents, qui ont été licenciés, sont eux-mêmes Afro-Américains.
Vendredi dans les rues du centre de Memphis, des policiers patrouillaient à cheval.

AFP
Venu d’Atlanta, en Géorgie, pour assister à des concerts dans cette grande ville du blues, George Klein, 78 ans, confiait à l’AFP être «préoccupé» par de possibles violences.
La famille de Tyre Nichols a elle-même appelé au calme avec insistance. «S'il vous plaît, manifestez, mais manifestez en toute sécurité», a dit son beau-père, Rodney Wells.
Ailleurs dans le pays aussi, les forces de l'ordre se préparaient à d'éventuels débordements. Deux conseillères de Joe Biden se sont entretenues avec les maires de 16 villes américaines à propos des manifestations.
En début de soirée, des manifestants commençaient à se rassembler à Washington, avant même la publication de la vidéo.
«Pas de justice, pas de paix», entonnaient-ils, tandis qu'une vidéo de Tyre Nichols était projetée sur la façade d'un bâtiment voisin.
«Toutes les violences»
Le 7 janvier, des policiers ont voulu contrôler Tyre Nichols pour une infraction routière. Une «confrontation a eu lieu» avec les agents et «le suspect s'est enfui», selon les forces de l'ordre.
Rattrapé, Tyre Nichols a été interpellé dans des circonstances que les autorités ont pour l'instant évité de décrire précisément. Le déroulé précis des faits et leur durée restent sources de questions.

CAPTURE D'ÉCRAN
Se plaignant d'avoir du mal à respirer, hospitalisé, Tyre Nichols est décédé trois jours plus tard.
Les cinq policiers ont été inculpés pour meurtre et écroués. Quatre d'entre eux ont ensuite été libérés sous caution.
«En un mot, c'est absolument épouvantable», a dit au sujet de la vidéo David Rausch, le directeur du Tennessee Bureau of Investigation, qui a enquêté sur l'arrestation.
Le directeur du FBI, Christopher Wray, s'est lui dit «horrifié», et le ministre de la Justice Merrick Garland a indiqué qu'une enquête fédérale avait été ouverte.
Tout en disant leur horreur, les avocats de la famille ainsi que les parents du jeune homme ont tenu à saluer la «rapidité» des mesures prises à l'encontre des policiers.
Son beau-père a notamment dit que la famille était «très satisfaite» des chefs d'inculpation.
Le révérend Al Sharpton, célèbre figure de la lutte pour les droits civiques, a affirmé que «le fait que ces agents (de police) soient noirs rend l'événement encore plus choquant».
«Ces agents ne devraient pas être autorisés à cacher leurs actes derrière le fait qu'ils sont noirs. Nous sommes contre toutes les violences policières, pas seulement contre les violences policières commises par des Blancs», a-t-il dit.