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Ron DeSantis défie Donald Trump à distance

Divisé comme jamais, le parti républicain doit se choisir une nouvelle présidente vendredi en Californie, lors d'une réunion où le gouverneur de Floride Ron DeSantis avance ses pions pour concurrencer la candidature de Donald Trump à la Maison-Blanche en 2024.

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L'hôtel luxueux de la station balnéaire de Dana Point, où sont réunis les 168 membres du comité national du parti depuis mercredi, est le nouveau théâtre de la crise existentielle traversée par le «Grand Old Party».

Les conservateurs sont à couteaux tirés depuis les élections de mi-mandat ratées en novembre, où la «vague rouge» tant annoncée n'a pas eu lieu et où les républicains ont échoué à regagner le Sénat: la mainmise de M. Trump, déjà déclaré pour la prochaine présidentielle et lesté par les ennuis judiciaires, est largement remise en cause et le parti se déchire. 

Début janvier, les électrons libres trumpistes ont ainsi créé une pagaille inédite en plus de 160 ans au Congrès, transformant l'élection de Kevin McCarthy comme «speaker» à la Chambre des représentants en chemin de croix.

Dans ce contexte électrique, la présidente actuelle du parti, Ronna McDaniel, n'échappe pas à la contestation. Aux commandes depuis 2016, cette proche de M. Trump avait toujours été réélue à son poste sans aucune opposition.

Si elle reste favorite, elle doit faire face à deux concurrents: Mike Lindell, un riche patron complotiste fabricant d'oreillers sans grande chance de l'emporter; et surtout Harmeet Dhillon, une avocate soutenue par de nombreux frondeurs républicains «antisystème», souvent les mêmes qui ont perturbé l'élection de M. McCarthy au Congrès.  

Depuis plusieurs semaines, Mme Dhillon fait campagne sur le mécontentement de la base après la défaite présidentielle de 2020 et la contre-performance des élections de mi-mandat. 

«Il y a beaucoup de changements qui ont besoin d'être réalisés pour que nous soyons en mesure de gagner en 2024», a-t-elle déclaré mercredi au Los Angeles Times, en justifiant sa candidature à ce poste clé pour organiser la future primaire qui déterminera le candidat conservateur à la présidentielle. «Je suis fatiguée que les républicains perdent les élections.»

«Bataille par procuration»

Avec ce discours, l'avocate, dont le cabinet a assuré la défense de M. Trump face à la commission parlementaire sur l'attaque du 6 janvier 2021 à Washington, joue sur les deux tableaux. 

Elle s'adresse à la fois aux conservateurs lassés par l'ex-président, perçu par certains comme «une machine à perdre», et résonne aussi chez les trumpistes les plus extrêmes qui rêvent de renverser la table et de refaire le parti à leur main. 

Jeudi, à la veille du vote, elle s'est trouvé un allié de poids: le gouverneur de Floride Ron DeSantis s'est prononcé en sa faveur.

«Je crois que nous avons besoin d'un changement. Je pense que nous avons besoin de sang neuf au sein du comité national républicain», a estimé le conservateur triomphalement réélu en novembre et perçu comme le rival potentiel le plus dangereux pour M. Trump dans la course à la Maison-Blanche.

Une déclaration susceptible de rebattre les cartes du vote à bulletin secret prévu vendredi, que Ronna McDaniel, présentée comme la favorite de M. Trump par la presse américaine, pensait avoir verrouillé - elle assure avoir 100 soutiens, soit bien plus que la majorité nécessaire. 

La tambouille interne pour choisir la présidente du parti, se transforme soudain en «une bataille par procuration entre DeSantis et Trump», observe la politologue Wendy Schiller. 

En soutenant l'outsider prisée par les membres les plus extrêmes du parti, le gouverneur de Floride «veut doubler Donald Trump par la droite», explique-t-elle à l'AFP. 

«DeSantis tente de se projeter en futur leader du parti», insiste-t-elle. «Il n'y a aucune raison de vouloir peser sur cette élection, à moins que vous n'ayez l'intention de vous présenter à la présidentielle.»

Face à cette rivalité larvée, Donald Trump a ressenti le besoin de se poser en patron jeudi soir: à la veille du vote, il a souligné dans un communiqué le résultat d'un sondage, qui le donne gagnant face à M. DeSantis lors d'une éventuelle primaire.  

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