En dépit de la fragmentation de l’opposition, le début du second mandat de la Coalition Avenir Québec s’annonce difficile en raison du climat d’incertitude économique qui pourrait placer le gouvernement face à des choix difficiles, alors même que les attentes à son égard sont élevées, croient des observateurs.
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« Le gouvernement doit se donner des objectifs réalisables, et il doit les réaliser, sans quoi on va dire : vous aviez tous les pouvoirs, et vous n’avez rien fait ! » lance le politologue Félix Mathieu, qui estime que la CAQ est maintenant liée par une « obligation de livrer des résultats ».
De fait, la livraison des promesses électorales serait la « priorité de l’an un » du deuxième mandat du gouvernement, selon un ancien conseiller du premier ministre Legault.
« On peut s’attendre à un copieux menu législatif. Le premier ministre voudra éviter un goulot d’étranglement comme la fin de la précédente législature, j’en suis certain », explique Pascal Mailhot, qui est maintenant vice-président à l’agence TACT.
Inflation
Or, rien n’est gagné. Après quatre ans à exercer le pouvoir dans un contexte économique assez favorable, c’est dans un climat où plane un risque de récession et où un manque de personnel criant a fragilisé les réseaux de la santé et de l’éducation que s’amorce le deuxième mandat de la CAQ.
Bien sûr, l’inflation a pour effet de générer beaucoup de revenus pour l’État, notamment grâce à la TVQ.
Mais comme elle exerce également une pression sur les coûts des projets d’infrastructure, elle pourrait placer le gouvernement devant des « décisions difficiles à prendre », croit Pascal Mailhot.
C’est que tous les projets d’infrastructure sont de facto en compétition les uns avec les autres, alors même que les ressources, elles, sont limitées.
« Les écoles, les hôpitaux, les routes, et les grands projets de transport, tout ça se finance dans le même compte de banque. Si tout coûte plus cher, ça devient plus difficile à gérer », illustre l’ex-conseiller.
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Aider les gens dans le besoin
Le contexte inflationniste force également le gouvernement à trouver le moyen de venir en aide à ceux qui sont le plus affectés par la hausse du coût de la vie, selon le politologue Martin Papillon.
« Jusqu’à présent, il a distribué des chèques à la population, une mesure dont l’efficacité est pour le moins remise en question par les économistes. Son défi sera vraiment d’adopter des mesures convaincantes et rassurantes, dans un budget qui s’annonce par ailleurs très prudent », explique-t-il.
Éviter la complaisance
Si jusqu’ici le gouvernement Legault a été « bon pour lire l’opinion publique », il doit prendre garde à ne pas « perdre le contact avec la population », croit M. Papillon.
Pour ce faire, il doit éviter de sombrer dans « la complaisance à tous les niveaux », qui consisterait à donner des « retours d’ascenseur aux amis du pouvoir » et à se montrer arrogant à l’endroit de l’opposition, ajoute le politologue.
« François Legault a tout à gagner à considérer les oppositions comme ses égaux. Il devra aussi faire un effort pour tenir un discours non seulement cohérent, mais nuancé sur des questions sensibles, pour parler le plus possible à l’ensemble de la population et non seulement à son marché électoral. Il en va de son héritage politique », renchérit Félix Mathieu.
PROJETS DE LOI QUI SERONT DÉPOSÉS CETTE SESSION
- Encadrement du travail des personnes mineures
- Surveillance des agences de placement de personnel infirmier
- Création de l’agence Santé Québec
- Prolongement de l’aide médicale à mourir
- Redevances sur l’eau
Les travaux parlementaires reprennent mardi prochain