Les bouches en mauvais état retardent chaque année de nombreuses chirurgies et des traitements de chimiothérapie au Québec à cause du risque d’infection qu’elles représentent.
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Les microbes qui s’y trouvent sont une grande source d’inquiétude, notamment dans les chirurgies au cœur, durant lesquelles ils peuvent provoquer des infections qui sont parfois fatales.
Cette réalité méconnue a mené l’Ordre des dentistes du Québec à réclamer du gouvernement qu’il rembourse les soins buccodentaires médicalement nécessaires.
La Dre Michelle Bourassa, cheffe du service de médecine et chirurgie dentaire à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ), souligne le danger que peut représenter une mauvaise santé buccale.
«C’est le lieu du corps humain qui contient le plus de micro-organismes», affirme-t-elle.
Et ces micro-organismes, s’ils voyagent lors d’interventions chirurgicales, peuvent représenter des risques importants.
«Les patients sont très malades des infections qu'ils causent. Elles peuvent entraîner plusieurs jours d’hospitalisation, souvent aux soins intensifs, et sont même fatales dans certains cas», explique Mme Bourassa.
Les soins buccaux préventifs sont donc nécessaires au bon déroulement des chirurgies, mais ils peuvent toutefois représenter une mauvaise surprise.
«Ça peut aller d’un simple nettoyage à un édentement complet», assure la docteure de l’IUCPQ.
Or, pour plusieurs Québécois, la santé buccale peut longtemps reposer à l’arrière des priorités, affirme-t-elle.
«Les patients peuvent avoir des problèmes dentaires qui ne sont pas nécessairement connus. Les infections sont souvent latentes, silencieuses, et quand même se transmettre au cœur», explique-t-elle.
Le coût que représentent les soins a aussi un effet dissuasif sur d’éventuelles visites chez le dentiste, assure la Dre Bourassa, surtout chez les personnes malades.
«Le patient n’est pas bien, c’est difficile de se présenter au travail dans ces conditions-là, et donc le revenu n’est pas nécessairement là», explique-t-elle.
À l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie du Québec, de 1300 à 1400 patients ont besoin de tels soins chaque année.
Mme Bourassa aimerait, comme l’Ordre des dentistes du Québec, voir le gouvernement leur prêter mainforte.
«On voudrait qu’il y ait une couverture pour les soins dentaires dans cette situation-là, partielle ou totale, mais qu’il y ait de l’aide apportée au patient.»