Le gouvernement Legault doit refaire ses devoirs devant la situation désastreuse du transport aérien régional et les performances «décevantes» du programme de billets à rabais qu’il a mis en place, clame le Parti québécois.
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«Depuis 25 ou 30 ans, on n'a jamais vu un service aussi peu fiable, une perte de confiance totale de la population envers le transport aérien», a déploré le député péquiste Joël Arseneau, en point de presse lundi au parlement, qualifiant au passage d’«absolument désastreuse» l’état actuel du transport aérien régional .
M. Arseneau est d’avis que la mesure mise en place par le gouvernement d’offrir des billets à 500$ s’est avérée «un coup d’épée dans l’eau».
«On voit que le programme, aussi mince soit-il, n’atteint pas ses résultats. À bien des endroits, ça n'a strictement rien changé et, dans d'autres endroits, bien, ça a créé un effet pervers, comme aux Îles-de-la-Madeleine, où on a créé une congestion sur certains vols au cours de l'été dernier», a souligné le député des Îles-de-la-Madeleine.
Effet pervers
Ironiquement, la mesure a donc eu pour effet d’enlever des places aux populations locales, et même aux personnes qui devaient se déplacer «pour des besoins médicaux», s’est-il ensuite désolé.
En conséquence, le Parti québécois juge que le programme doit «absolument être revu», et réclame que le groupe d’intervention sur la relance du transport aérien régional soit convoqué afin de faire un bilan de l’action gouvernementale et pour commencer à tabler sur un nouveau plan de relance.
Parmi les solutions qui pourraient être mises en œuvre «dès maintenant», le député péquiste cite l’ajout de vols nolisés et la permission aux organismes sans but lucratif de se qualifier eux aussi au programme d’accès aérien aux régions (PAAR).
Transporteurs
Si Joël Arseneau reconnaît que les transporteurs «ne livrent pas la marchandise» à l’heure actuelle, il refuse néanmoins d’atténuer la part de responsabilité qui incombe au gouvernement dans ce dossier.
«Le gouvernement ne leur a pas demandé de comptes. Le programme n’incluait pas une responsabilité des transporteurs, d’aucune façon. En fait, même les transporteurs ont répondu relativement timidement au programme. Il y a eu des ententes, on leur a un peu forcé la main, mais il n’y avait aucune exigence d’améliorer l’offre, la fréquence, le nombre de sièges, le service», a-t-il fait valoir.
Subventions
M. Arseneau déplore aussi que les régions du Québec se trouvent à la merci de grosses compagnies comme Air Canada, qui déterminent à quelle fréquence un service sera offert ou non, alors que des compagnies québécoises «déploient tous les efforts» pour desservir certaines régions. Il estime que ces petits transporteurs ont besoin d’un coup de pouce financier de la part du gouvernement du Québec.
Pour ce faire, le député péquiste est d’avis qu’il serait possible de mieux utiliser les 46 millions $ qui sont déjà prévus par le PAAR, et qui représentent selon lui, dans la forme actuelle du programme, un «gaspillage de fonds publics».
Guilbault réagit
La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a reconnu lundi que le programme PAAR n’est pas parfait. «Des fois, il y a des problèmes de discontinuité de service (...), a-t-elle dit en marge d’une annonce. On peut l’améliorer.»
Mme Guilbault considère toutefois que le programme des billets à 500 $ «a été très bon pour certaines destinations», citant les Îles-de-la-Madeleine, Sept-Îles, Gaspé, Rouyn-Noranda et Val-d’Or comme des destinations populaires.
Selon le ministère des Transports, 98 800 billets ont été rendus disponibles dans le programme. De ce nombre, seulement 23 768 ont été utilisés.