En 2022, des dossiers touchant directement la grande famille des personnes en situation de handicap ont fait l’objet d’une large couverture médiatique au Canada anglais, mais pas au Québec.
Avec les rentrées parlementaires à Québec et Ottawa, le mouvement Le Handicap sans pauvreté souhaite mettre en lumière deux réalités qui démontrent l’importance de dédier des ressources appropriées pour vivre dignement.
Mis à part le témoignage de Jacques Comeau,un tétraplégique de 66 ans qui a demandé l’aide médicale à mourir, on n’a presque pas entendu de voix au Québec pour signaler que des personnes handicapées faisaient maintenant des demandes similaires pour des raisons socio-économiques ou par manque de soins.
L’aide médicale à mourir
Dans le reste du pays, plusieurs récits ont fait la manchette. Celui de Jennyfer Hatch a été abordé au Québec sous l’angle de sa participation à un film publicitaire de La Maison Simons, Tout est beauté. Cette femme avait lancé, en juin, un cri du cœur pour obtenir les soins appropriés pour gérer adéquatement ses symptômes découlant du syndrome d’Ehlers-Danlos.
Son choix de l’aide médicale à mourir aurait-il été le même sans les contraintes financières qui l'empêchaient de se payer les traitements et les thérapies qui lui aurait permis de rester en vie et tout en jouissant d'une qualité de vie raisonnable?
Nous devrions nous assurer d’offrir aux gens des options pour vivre avant mettre de l’avant celles pour mourir. C’est d’autant plus important que plusieurs groupes espèrent que le nouveau projet de loi 38 sur les soins de fin de vie puisse être élargi pour inclure le handicap et les troubles moteurs. Ces critères sont absents de la loi québécoise actuelle, mais la loi canadienne le permet.
Projet de loi C-22
L’autre dossier qui méritera une grande attention en 2023 est celui de la Prestation canadienne pour les personnes handicapées. Depuis le dépôt en juin du projet de loi fédéral C-22, la question n’est plus sur le radar au Québec. Un revenu de base pour toutes les personnes handicapées en âge de travailler serait pourtant un gain significatif.
Cette prestation doit arriver le plus rapidement possible pour des gens comme Paul Awad, un homme de 57 ans qui peine à joindre les deux bouts et à obtenir les services de base dont il a besoin pour vivre dignement. Le revenu viable à Sherbrooke, sa ville de résidence, est de 26 299 $ par année selon l'IRIS. Avec sa rente d’invalidité d’environ 1 200$ par mois, il ne lui reste souvent plus un sou à la fin du mois. «Je veux être libéré du stress d'avoir à choisir entre la nourriture et le loyer chaque mois, pour vivre une vie digne à mes propres conditions», dit-il.
Avec la pandémie, la situation est devenue plus criante pour les personnes handicapées au Québec. Les besoins sont nombreux, comme la nourriture. L’impossibilité de pouvoir se payer un logement approprié est un autre immense défi, sans parler des personnes dont le handicap les oblige à vivre en CHSLD, malgré leur jeune âge.
Le prix élevé que nous payons pour les inégalités sociales augmente plus rapidement que le taux d'inflation. Nous devons soutenir les politiques gouvernementales de réduction de la pauvreté, tant au provincial qu’au fédéral. L’adoption rapide du projet de loi C-22 ne viendra pas régler tous les enjeux éthiques liés à l’handicap, mais serait un pas important dans la bonne direction pour démontrer que l’aide à vivre demeure notre priorité.

Photo courtoisie, Jerick Collantes
Luca Patuelli, co-président – Le handicap sans pauvreté
L’équipe de direction nationale – Le handicap sans pauvreté
- Clare Li
- Guillaume Parent, Directeur du centre d'expertise finances et handicap de Finautonome
Amy Ma, Directrice, communications – Le handicap sans pauvreté
Jasmin Lemieux-Lefebvre, Coordonnateur, Réseau citoyen Vivre dans la Dignité