C’était trop beau pour durer. Îlot de stabilité dans l’océan d’inflation, le prix des produits de marque Sans nom vendus chez Provigo et Maxi va se remettre à grimper en février.
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Le géant ontarien Loblaw, qui possède les deux enseignes québécoises, confirme que le gel de prix sur 1500 produits de sa marque maison décrété en octobre dernier prend fin aujourd’hui, comme prévu.
« L’inflation alimentaire s’est poursuivie et il continue à nous en coûter plus cher pour approvisionner nos tablettes », explique Johanne Héroux, directrice principale, Affaires corporatives et communications chez Loblaw.
Les prix devraient grimper graduellement, ajoute la porte-parole, puisque Loblaw va continuer à les maintenir « les plus stables possibles ».
Ce qui ne surprend pas un observateur de longue date du secteur alimentaire. « Ce ne sera pas des hausses sauvages, ils vont prendre leur temps », pense Sylvain Charlebois.
L’enseigne Provigo (70 magasins au Québec) agira plus rapidement que Maxi (127 magasins), dit-il, car l’enseigne au rabais « vise une clientèle plus économe ».
C’est plutôt la fin du gel de prix en soi qui le surprend, car la mesure avait un fort potentiel marketing. « Je pensais qu’ils continueraient, mais ils n’ont pas le choix », observe le directeur du laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie.
L’inflation à l’épicerie a été de 9,8 % pour l’ensemble de 2022, mais s’est accélérée en fin d’année : 11 % en octobre, 11,4 % en novembre et 11 % en décembre.
De grosses augmentations malgré tout
Les produits Sans nom comptent autant des aliments de première nécessité comme le fromage, le riz et la farine que d’autres comme des sandwichs à la crème glacée ou des guimauves.
Actuellement, le beurre (454 g) de la marque se détaille 5,99 $ et le paquet de six muffins anglais, 1,99 $.
S’ils sont stables depuis octobre, ces prix avaient toutefois grimpé au cours de l’année 2022. Le prix du beurre était par exemple de 4,99 $ en moyenne en 2021 contre 1,49 $ pour celui des muffins anglais.
Galen Weston avait d’ailleurs été critiqué à ce sujet en octobre lors de l’annonce du gel de prix.
Le concurrent Metro avait aussi réagi en soulignant que les prix sont toujours gelés de novembre à février dans l’industrie, une pratique surnommée « blackout ».
« Ils font ça pour rien, les fournisseurs le savent et ils augmentent leurs prix avant et après le blackout », indique M. Charlebois.
Les chiffres lui donnent raison. Metro indiquait la semaine dernière avoir déjà reçu « des milliers » de demandes d’augmentation de prix de la part de ses fournisseurs en 2023.
« Le mois de février va être difficile alors qu’on est en plein milieu de l’hiver et que le taux d’inflation alimentaire est déjà à 10 % », conclut Sylvain Charlebois au sujet des hausses de prix à venir.