L’imposant déploiement policier qui avait mené au confinement du cégep Saint-Jean-sur-Richelieu à l’automne n’était finalement qu’une tempête dans un verre d’eau, alors que le jeune étudiant accusé de menaces vient d’être blanchi de toute accusation.
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Les images de Simon-Olivier Frappier, menotté et escorté par les agents jusqu’à un véhicule de patrouille, ont fait le tour des réseaux sociaux et des médias le 11 novembre.
Il s’avère qu’un témoignage boiteux, une veste à poches multiples et une tubulure d’insuline seraient à l’origine de ce branle-bas, qui aura coûté des dizaines de milliers de dollars.
Rappelons qu’une opération d’envergure avait été lancée après qu’une étudiante en technique policière eut alerté les autorités au sujet d’un confrère au look étrange.
Il avait notamment été question d’une « veste pare-balles », et d’un « fil » qui dépassait en dessous.
Rapidement, le jeune homme avait été escorté à l’extérieur de l’établissement, où on lui avait demandé de s’agenouiller et de lever les mains dans les airs.
La scène s’est déroulée sous les yeux de plusieurs dizaines d’étudiants, qui se sont empressés de filmer.

Photo d’archives
Acquitté après deux mois
Simon-Olivier Frappier avait ensuite été menotté, puis amené au poste afin d’être interrogé. L’étudiant de 20 ans avait finalement été arrêté pour menaces. Or, à peine deux mois plus tard, on l’a acquitté en raison d’une absence totale de preuve.
« Nous n’étions plus convaincus d’une perspective raisonnable de condamnation », a indiqué le procureur de la Couronne Me Simon Boulianne. Le jeune homme a toutefois accepté de signer une ordonnance préventive lui interdisant de posséder des armes.
D’abord, la veste en question n’était qu’une simple veste sans manches à poches multiples que M. Frappier portait fréquemment.
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Quant au fil qui dépassait, il s’agissait plutôt de la tubulure de sa bonbonne d’insuline, qu’il doit avoir en permanence en raison de son diabète sévère.
De plus, selon nos informations, peu après son arrestation, un étudiant a rapporté à la police avoir déjà entendu M. Frappier tenir des propos menaçants à l’égard d’un enseignant de psychologie.
Après vérifications, il ne s’agissait pas de menaces directes et celles-ci avaient été rapportées par personne interposée.

Photo d’archives
La veste à poches multiples de Simon-Olivier Frappier a été confondue avec une veste pare-balles.
Des policiers de partout
Il semble donc y avoir eu bien plus de peur que de mal dans ce dossier, alors que les policiers ont confiné le cégep une partie de la journée.
En plus de nombreux policiers de Saint-Jean-sur-Richelieu, des agents de la Sûreté du Québec (SQ), de Roussillon et de Longueuil sont venus prêter main-forte. L’hélicoptère de la SQ a survolé l’établissement scolaire pendant des heures et le service de criminalistique a été déployé par mesure préventive.
Interdit d’aller sur les lieux
À son grand désarroi, M. Frappier n’a pas encore été autorisé à remettre les pieds au cégep depuis l’événement. L’établissement a entamé des démarches en parallèle au processus judiciaire et l’empêche jusqu’à présent d’y retourner.
« Mon client est très soulagé de la tournure des événements, a dit son avocate Me Anne-Marie Dion. Tout ce qu’il souhaite maintenant, c’est reprendre sa vie normale et retourner aux études le plus tôt possible. On attend la décision du cégep. »
Le professeur de psychologie au cœur de toute cette histoire ne se sent pas non plus menacé par l’élève, bien qu’il préfère ne plus lui enseigner dans le futur.
« Il semble qu’on n’ait pas eu grand-chose pour justifier la menace finalement, dit Frankie Bernèche. Ce n’était peut-être pas tant une menace, mais peut-être plus une forme de provocation pour attirer l’attention, je pense. »