Un jeune itinérant qui s’est allumé un feu en pleine nuit dans une résidence en construction dans laquelle il venait de s’infiltrer a finalement causé un brasier immense et détruit trois maisons en neuf minutes.
«On dormait à l’étage. On aurait pu ne pas être capables de sortir de notre maison», a lancé Jacques Rioux, l’un des sinistrés.

Photo Valérie Gonthier
Jacques Rioux a perdu sa maison sur la rue Quinn à Longueuil le 31 mars 2022 après qu'un incendiaire, Thomas Denoncourt, ait mis le feu à la résidence voisine. VALÉRIE GONTHIER/LE JOURNAL DE MONTRÉAL/AGENCE QMI
Le sexagénaire témoignait alors des dommages subis dans le cadre des observations sur la peine de l’incendiaire.

Photo d'archives Antoine Lacroix
Un des résidences du boulevard Quinn qui a été la proie des flammes le 31 mars 2022.
Le 31 mars 2022, Thomas Denoncourt, âgé de 22 ans au moment des faits, a causé des dommages de plus de 1,2 M$ en allumant un feu dans la résidence voisine de M. Rioux, à Longueuil.
Il venait alors de s’y introduire par effraction. La maison, alors en construction, n’était pas habitée.

Photo d'archives Antoine Lacroix
Souhaitant se réchauffer, il a allumé un feu, mais les flammes se sont propagées. Il a tenté d’éteindre l’incendie, mais, voyant que le brasier prenait de l’ampleur, il s’est enfui sans alerter les résidents autour ni même contacter les services d’urgence.
Inhabitable
«Une chance que ma conjointe a le sommeil léger. Elle a entendu un pétillement et en regardant par la fenêtre, elle a vu que c’était jaune dehors», a lancé M. Rioux.
Le couple a eu le temps d’aller dehors pour laisser les pompiers contrôler les flammes. Selon lui, entre 70 et 80 pompiers étaient sur les lieux.

Photo d'archives Antoine Lacroix
Si sa maison n’a pas complètement brûlé, la fumée et l’eau l’ont rendue inhabitable.
Plus encore, l’homme et sa conjointe venaient à peine de terminer les rénovations qu’ils effectuaient à temps perdu depuis presque une décennie.
«Tout ce qu’on a mis dans notre maison a été détruit en l’espace de neuf minutes, a-t-il dit. Si ça avait été un accident, ça aurait été compréhensible. Mais ici, on parle d’un geste innocent, d’une personne qui n’a aucune conscience des conséquences.»
«Je m’excuse»
Thomas Denoncourt est détenu depuis son arrestation, survenue peu après son crime. Après avoir fui les lieux de l’incendie, il s’était rendu à un organisme venant en aide aux itinérants, tout près de là, et avait avisé une intervenante de ce qu’il venait de faire. Cette dernière avait alors appelé les policiers.

Photo d'archives Antoine Lacroix
«Je m’excuse, ce qui est arrivé ne peut pas être réparé autrement qu’avec des excuses. Je n’ai voulu aucunement faire du mal à quiconque, je ne vivais que pour la consommation. Je n’avais plus le sens du jugement approprié pour éviter cette catastrophe», a-t-il dit en cour.
Son avocat, Me Samuel-Alexandre Hébert-Dagenais, a tenté d’attirer l’attention du juge sur la vulnérabilité de son client, qui souffre de problèmes de santé mentale et de toxicomanie.
Selon lui, les victimes ont certes eu de réelles pertes, mais elles ont quand même bénéficié de remboursements de la part des assurances. Mais le juge Serge Delisle n’a pas semblé en accord avec cet argument.
«Il n’y a pas que la perte monétaire. Il y a la perte de tranquillité d’esprit, la perte de temps avec les papiers à remplir. Le feu endommage aussi les souvenirs. Ce sont des dommages bien plus grands qu’un chèque des assurances», a-t-il lancé.
Lourdes conséquences
Il a aussi noté les conséquences psychologiques d’un tel drame, rappelant qu’une résidence est un endroit où les gens doivent se sentir en sécurité.
La procureure de la Couronne, Me Gariela Baraniuc, a pour sa part ajouté que si des victimes ont vu leurs pertes être remboursées, l’une des résidences en construction n’était pas assurée.
Une autre victime a aussi subi une perte de plus de 200 000 $, puisque les assurances n’ont pas payé la totalité de la valeur de la maison qu’elle venait d’acheter.
Elle a suggéré une peine de 24 mois de détention, considérant le mode de vie «laxiste» de l’accusé, ses problèmes de toxicomanie et sa banalisation des faits, alors qu’il y fait parfois référence en parlant d’un «accident».
La défense a proposé une sentence de 15 mois.
Le juge Delisle rendra sa décision la semaine prochaine.