L’organisation d’une journée non genrée par une école primaire de Saguenay a suscité de vives réactions bien que celle-ci ne se veuille pas une occasion d’aborder des questions sur la sexualité, les transgenres ou l’homosexualité.
Les élèves de l'école St-Gabriel à Ferland-et-Boileau pourront participer, s'ils le veulent, à cette activité.
Celle-ci devant se tenir vendredi sera repoussée en raison du temps très froid prévu, qui a incité le Centre de services scolaires des Rives-du-Saguenay à fermer ses écoles de façon préventive.
Le conseil étudiant de l'école avait suggéré une journée «non-genrée», une troisième en trois ans.
«Les élèves de l'école St-Gabriel ont beaucoup d'ouverture», est-il écrit sur le mémo envoyé aux parents.
«C'est la journée où un garçon qui veut s'habiller avec des "leggings" peut le faire», a expliqué Elianne Gagnon, élève en cinquième année et membre du conseil. Elle-même entend s'habiller en garçon le jour de l'activité.
«J'aime bien m'habiller en "Big Dill" (des vêtements de travail), a-t-elle dit. Avec des amies, on se dessine même une moustache, juste pour rire.»
«On n'a vraiment aucun doute sur la féminité de notre fille, a lancé sa mère, Caroline Chayer. C'est comme un garçon qui se met du vernis sur les ongles. On sait que ça existe. Pour moi, c'est une activité qui prône l'acceptation.»
L'organisme Diversité 02 estime que l'activité est un pas dans la bonne direction.
«Je salue l'idée, a indiqué la directrice-générale Roxanne Gervais. Par contre, peut-être qu'on a été malhabile avec certains termes.»
Le centre de services scolaires des Rives-du-Saguenay reconnaît en effet que le terme «non-genré» utilisé dans le mémo peut prêter à confusion.
«C'est un terme qui est souvent mal interprété dans la société, a réagi la directrice-générale Chantale Cyr. On aurait pu choisir d'autres mots.»
«On n'est pas du tout dans les questions de sexualité, transgenre, homosexualité ou autres, a précisé la conseillère pédagogique en sexualité au Centre de services scolaires des Rives-du-Saguenay, Myriam Bouchard. On veut seulement laisser les enfants être ce qu'ils ont envie d'être.»
D'autres écoles du réseau ont tenu des journées du même genre dans le passé, dans le but de briser certains mythes.
«Une fille qui joue au hockey avec les garçons, ce n'est pas toujours bien vu, a noté Mme Cyr. [C’est la même chose pour] un garçon qui veut faire du ballet classique en quatrième année. C'est de leur montrer qu'on peut pratiquer des activités non-traditionnelles sans être jugé.»
Certains parents de l'école, sans s'exprimer à la caméra, admettent leur malaise devant l'activité.
«Il n'y a rien qui est obligé!», a ajouté Caroline Chayer, mère de 3 enfants, dont Elianne, qui fréquentent l'école St-Gabriel.
«On va évaluer si une réunion informative ne pourrait pas éventuellement être tenue avec les parents», a dit Myriam Bouchard.
Le conseil étudiant aimerait que l'activité reportée ait lieu la semaine prochaine.
«Il ne faut pas que ce soit annulé», souhaite Elianne Gagnon.