Le métier d’éducatrice à l’enfance gagnerait à être valorisé pour attirer davantage de main-d’œuvre au moment où le secteur fait face à une pénurie «criante», a estimé une enseignante en éducation à l’enfance.
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«L’image qu’on a d’une enseignante et d’une éducatrice n’est pas la même dans la société. On est encore perçue comme des changeuses de couches qui font des guili-guili à longueur de journée», a indiqué Véronique Stanton, coordonnatrice du programme Techniques d'éducation à l'enfance au Cégep Édouard-Montpetit, au micro de Philippe-Vincent Foisy.
Selon la coordonnatrice, il est clair que les conditions de travail et les salaires ne sont pas suffisants pour attirer une relève, tandis que les salaires annuels tendent à plafonner autour de 55 000 à 60 000$, et ce, même en détenant le diplôme de technique d’éducation à l’enfance.
«On a beau développer différents types de formations rapides, les conditions de travail ne sont pas là. Les salaires ne suivent pas [...] C’est un peu un cercle vicieux: tant que les conditions de travail et le salaire ne seront pas améliorés, la perception de la société ne le sera pas [non plus]», a-t-elle martelé à QUB vendredi.
Cette pénurie «criante», comme elle la décrit, impacte directement la qualité des services offerts, qui doit diminuer ses exigences minimales pour, notamment, le nombre de personnels formés par enfant.
«On vante la qualité des maternelles 4 ans, mais là c’est une enseignante pour 20 enfants de 4 ans, a-t-elle ajouté. Un service de garde de qualité, ça passe oui par la formation des éducatrices, oui par les conditions de travail, mais aussi par des ratios plus petits. Une éducatrice pour 8-10 enfants.»
Beaucoup d’étudiants qui débutent une technique d’éducation à l’enfance se tournent vers l’enseignement préscolaire à cause des meilleures conditions de travail.
«Il n’y a pas de distinction dans les pratiques et dans les conditions salariales entre celles qui sont formées et non», a-t-elle déploré.