Une marâtre coupable d’avoir battu et affamé son beau-fils de 11 ans s’en est tirée avec de la prison à domicile grâce aux modifications à la loi par les libéraux fédéraux, même si la femme n’a aucun remords et qu’elle continue de se placer en victimes.
«Le tribunal conclut qu’une peine d’emprisonnement s’impose. [Mais] récemment, le législateur a rétabli la possibilité de purger la peine au sein de la collectivité pour le type d’infractions commis par l’accusée», a expliqué la juge Geneviève Graton, ce vendredi au palais de justice de Montréal.
La belle-mère indigne de 31 ans, que l’on ne peut nommer afin de protéger l’identité de la victime, a ainsi pu profiter du projet de loi C-5 adopté l’été dernier par Parlement contrôlé par le Parti libéral du Canada, malgré la violence physique et psychologique qu’elle a forcée sur le fils de son conjoint, en 2018 et 2019.
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Comme un «moins que rien»
À l’époque, la marâtre venait d’emménager à Montréal avec sa famille, dont le fils de son époux. Or, quand ce dernier partait travailler, la femme en profitait pour frapper l’enfant tout en lui interdisant de se nourrir. Affamé, le petit a bien tenté une fois de prendre à manger dans le refrégirateur, mais mal lui en prit : l’accusée a pris un couteau pour blesser l’enfant à la main, en lui interdisant de se soigner pour «ne pas gaspiller ni du papier ni de l’eau».
«L’accusée mentionne à la victime que même si elle se confiait à son père, il ne la croirait pas, a rappelé la juge ce matin. Aussi, si la victime se fait questionner à l’école sur les blessures, elle devrait dire s’être blessée en s’amusant.»
Lors des observations sur la peine, l’enfant avait écrit une lettre disant que «son rêve [de venir au Canada] est vite devenu un cauchemar» à cause de sa belle-mère.
«J’étais traité comme un moins que rien», avait-il écrit, traumatisé par ce qu’il avait vécu.
Pas de remords
Déclarée coupable d’agression armée, de menaces et de voies de fait, la marâtre continue toutefois de nier ses crimes, préférant plutôt se placer en victime de ce qu’elle considère être une forme d’injustice.
«Je ne pouvais pas imaginer qu’au Canada, on puisse condamner quelqu’un comme ça», a-t-elle déclaré à la cour dans un long monologue de 20 minutes, juste avant de recevoir sa sentence.
Multipliant les amalgames et se dépeignant comme un actif pour la société puisqu’elle étudie en soins infirmiers, la marâtre a tenté de refaire tout le procès en disant que sa vie était devenue un «enfer».
«Si toutes les vies ont la même valeur, la bonne décision doit être prise», a-t-elle ajouté, probablement en référence à l’absolution qu’elle réclamait.
La juge n’a toutefois pas été de cet avis, en affirmant que le public ne comprendrait pas qu’elle s’en tire sans casier judiciaire.
Mais du même coup, la juge a rappelé qu’en raison des changements à la loi, l’accusée était éligible à de la prison à domicile. Et après avoir soupesé toute la preuve, dont l’absence d’antécédents de la femme et son «amorce à recevoir un soutien thérapeutique», la juge a conclu qu’il s’agissait de la sentence à imposer.
La marâtre a ainsi écopé de 15 mois à purger chez elle, suivi d’une probation de 2 ans assortie de plusieurs conditions, dont de ne pas communiquer avec la victime.